vendredi 9 octobre 2009

DISCOURS DE PALAISEAU : Le rêve sarkozien d'une nouvelle France métissée

Nicolas Sarkozy travaille à l'avènement d'une France « égalitaire », au sein de laquelle les représentants de la « diversité » seront appelés à prendre une place de premier plan. Au besoin en imposant par la contrainte cette politique à l'ensemble des Français.

Le 17 décembre dernier, devant les élèves de l'Ecole polytechnique de Palaiseau, Nicolas Sarkozy a tenu un grand discours sur l'égalité des chances et la diversité. Qui n'existent - ou n'existeront - que grâce au miracle républicain.
« C'est le miracle de la République d'avoir permis à la France de conjuguer une identité si forte avec une aspiration si grande à l'universalisme.
« C'est le miracle de la République d'avoir permis à la France d'être une grande patrie faite d'une multitude de petites patries unies par une formidable volonté de vivre ensemble, de partager une langue, une histoire, une façon d'être et de penser, où chacun se reconnaît dans un idéal et un destin communs sans que soient effacées les histoires personnelles et les destins particuliers.
« C'est le miracle de la République d'avoir forgé l'unité de la France sans la condamner à l'uniformité », s'est extasié le président.
Mais - parce qu'il y a évidemment un mais...
« Il n'y a pas de République réelle sans volontarisme républicain.
« Il n'y a pas de République réelle sans la volonté de corriger les inégalités, en traitant inégalement les situations inégales.
« On ne peut progresser vers l'égalité réelle qu'en s'attaquant à la fois aux causes et aux conséquences des inégalités, des injustices, des discriminations. »
Pour cela, il faut bien comprendre en quoi consiste cette égalité réelle.
« L'égalité républicaine, c'est l'égalité devant la loi, l'égalité des droits et des devoirs, c'est l'égale dignité des personnes, c'est l'égalité des chances.
« L'égalité des chances : c'est la priorité d'aujourd'hui.
« C'est en rétablissant l'égalité des chances que la République fera circuler ses élites. C'est en rétablissant l'égalité des chances qu'elle fera droit à la diversité. C'est en rétablissant l'égalité des chances qu'elle viendra à bout de la tentation communautariste. Tout ce qui entrave l'égalité des chances doit être combattu. »
En trois temps. Nicolas Sarkozy a donc pointé l'objectif : à savoir « relever le défi du métissage ». Un défi que la France a, à l'en croire, « toujours connu » (sic) : et grâce auquel elle aurait atteint à l'« universalisme »...
Les applaudissements nourris des représentants de la LlCRA et du MRAP ont montré qu'ils appréciaient en connaisseurs l'évolution du discours sur la discrimination positive.

Diversité et ouverture à gauche

En effet, il ne s' agit plus seulement, dans le discours présidentiel, de la discrimination positive en faveur des fameuses « minorités visibles » ; celle-ci s'étend désormais (dans des domaines aussi variés que l'école, l'entreprise, la télévision ou les partis politiques) aux victimes des inégalités, et symptomatiquement des inégalités sociales, puisque. « en réduisant toutes les fractures sociales, on réduira du même coup toutes les fractures », qu'elles soient d'ordre ethnique, religieuse, etc.
Tout sera fait pour parvenir à ce résultat, sous l'autorité vigilante du président.
Tout, et d'abord, le renforcement des pouvoirs de la Haute Autorité pour l'égalité et contre les discriminations (Halde). Celle-ci aura notamment la capacité d'effectuer des « contrôles inopinés » sur les lieux de travail : l'équivalent du fameux testing, qui n'est autre qu'un horrible flicage, mais que ne ferait-on pour la grandeur éthique de la République ?... La Halde est actuellement présidée par l'ancien patron de Renault, Louis Schweitzer (par ailleurs président du conseil de surveillance du quotidien Le Monde... ), nommé pour cinq ans en mars 2005. Récemment contacté (pour la deuxième fois depuis l'élection de Nicolas Sarkozy) pour entrer au gouvernement, Malek Boutih, secrétaire national du parti socialiste et ancien patron de SOS-Racisme, a décliné l'offre mais s'est en revanche déclaré intéressé par la succession de Schweitzer. La présidence de cette police de la Diversité pourrait donc, à terme, lui être confiée. Ensuite, la nomination de l'industriel musulman Yazid Sabeg au poste de « commissaire à la diversité et à l'égalité des chances ». Né en Algérie, fis aîné d'une famille de 13 enfants, il touche aussi bien au milieu industriel et financier que politique (où il est entré parla grâce de Raymond Barre). Il s'est fait, ces dernières années, et notamment par le biais de l'Institut Montaigne, le chantre de la diversité, mais ce critère ne semble guère avoir appartenu à sa vie d'industriel. Auteur d'un Manifeste pour l'égalité réelle, il s'y déclare favorable à une discrimination « positive » sur une base ethnique et n'a pas été avare de critiques à l'égard de la politique sarkozyenne, notamment en ce qui concerne le fameux plan Espoir banlieues de Fadela Amara, auquel il préférerait un Grenelle de la diversité...
Il semble en tout cas clair que ce choix ne vise pas à récompenser une victime de l'inégalité sociale. Le Monde, qui s'est manifestement posé aussi la question, note que « Son appartenance à la franc-maçonnerie - "J'y compte beaucoup d'amis", admet-il - n'est sans doute pas totalement étrangère à son exceptionnelle ascension. » Il illustre en tout cas la « nouvelle France » dont Carla Bruni se faisait le chantre au lendemain de l'élection de Barack Obama, et dont la politique « d'ouverture », orientée à gauche, mise en œuvre par Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l'Elysée, prépare l'avènement.
Olivier Figueras monde & vie 10 janvier 2009

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