mardi 26 février 2008

Sarkozysme et socialisme

Le Président Sarkozy est encore tout nouveau et de plus en plus fringant. Il proclame une rupture qu'il se garde bien de faire ; élu par des voix de droite, il était invité à rompre avec le socialisme et il a donné le pouvoir à un ensemble de socialistes confirmés. Tout en gesticulant beaucoup, il a fait progresser ce socialisme à grande vitesse et, à ce moment du parcours personne n'ayant essayé de le faire, un premier inventaire s’impose. La liste des mesures est impressionnante.

Par exemple, la consolidation et l'extension des droits opposables, cette machine tout à fait redoutable qui peut conduire à une sorte d'obligation du socialisme puisque l'État s’oblige juridiquement à intervenir dans une foule de domaines qui devraient être laissés au marché. Il y a bien sûr au premier chef le droit au logement opposable en vertu de la loi Dalo entrée en application le 1er janvier 2008. On parle déjà de nouveaux droits opposables à créer comme le droit opposable aux crèches et c'est loin d'être fini !

Dans un autre domaine, citons la quasi renationalisation de Suez. La fusion projetée avec GDF aboutit à une nationalisation puisque l'État s'est réservé une « golden share » lui permettant de décider ce qu’il veut contre la volonté des actionnaires. Également en chargeant Suez du personnel quasi fonctionnarisé de GDF, il va plomber les résultats futurs de l'ensemble.

Quant à la politique industrielle nous la voyons s'étaler en majesté avec ces jours-ci l'intervention de l'État dans des affaires purement privées comme les problèmes d’Arcelor Mittal en Lorraine ou ceux de Michelin qui veut fermer l'ancienne usine Kléber à Toul.

Au titre de la marche forcée vers le socialisme, il faut ajouter le blocage des loyers. La France sort péniblement de la loi de 1948. Sous prétexte de développer le pouvoir d'achat, le Président a décidé de freiner considérablement la hausse des loyers ; cette décision a un parfum de lutte des classes, puisque les locataires sont considérés comme plus intéressants que les propriétaires !

Idem pour l'abus de ce que les énarques appellent dans leur langage fleuri les « dispositifs » qui correspondent à la pratique des compteurs. En agissant sur tels ou tels des robinets de l’usine à gaz universelle, l'on créerait de la richesse là où il y en a pas. Il faut rattacher à cette pratique tout à fait négative la déduction de certains intérêts pour l'achat des biens immobiliers qui favorisent certains et en défavorisent d’autres. En quoi cela peut-il améliorer le sort de tous, sinon au profit de quelques-uns qui d’ailleurs n'en n'ont peut-être pas besoin ?


Il y a aussi le déplacement de l'argent comme si en déplaçant 87,3 % que possédait l'État. Les 5 milliards, censés représentés par cette vente, doivent servir au financement des universités. Le Président a bien dit aussitôt qu'il n'était pas question de privatiser les universités et il est certain que l'argent sera perdu dans le déficit abyssal de ces universités et le désordre de leur gestion. Pire encore, cette vente s'est faite dans l'obscurité puisque personne ne sait qui a acheté et que probablement ce sont des organismes plus ou moins étatiques qui sont venus aux ordres. Ce fut sans doute une vente à soi-même.


L'État dans le désordre coutumier continue, comme avant, à dépenser à tout va dans le monde entier. Comme tout pouvoir socialiste il est donc conduit à taxer partout pour chercher des sous. Voici en vrac quelques pistes utilisées ou en voie de l’être.


Une nouvelle taxe sur les paris hippiques a été prévue dans le cadre du collectif budgétaire. Les 250 communes et groupements de communes disposant d'un hippodrome toucheront 0,1 % du montant des paris des courses organisées sur leur territoire et bien entendu cet impôt sera enlevé des gains des parieurs. Ce tout petit impôt est appelé à de l'avenir, car il est un principe absolu de la République fromagère : un petit impôt deviendra grand.

L'assemblée a adopté un amendement qui met à contribution les stock-options et les actions gratuites. À leur attribution, les options feront l'objet d'une cotisation patronale de 2,5 % de la valeur des actions sur lesquelles elles portent. Le taux sera de 10 % pour les distributions gratuites d'actions. Enfin une cotisation salariale de 2,5 % sur la plus-value d'acquisition est aussi instaurée. À signaler aussi qu'en 2008 les dividendes reçus par les actionnaires paieront deux fois selon un mécanisme qui est très compliqué à expliquer.

Au milieu de ce tableau désolant des progrès du socialisme, il faut ajouter un nouveau droit de préemption accordée aux maires ; jusqu'à présent les maires avaient un droit de préemption à exercer lors des achats immobiliers, ce qui est très déjà une anomalie destructrice du marché du logement. Maintenant, sous prétexte de leur donner le droit de veiller sur les changements de fonds de commerce, ils ont un droit de préemption sur les baux commerciaux : c'est une nouvelle atteinte grave aux droits de propriété.

Il est sûr que, si le nouveau président avait voulu réellement dans son coeur faire la rupture, il devait et pouvait dans les deux mois qui ont suivi son élection et, après juste quelques jours de repos dans des conditions classiques, supprimer une grande quantité de dépenses et plusieurs impôts majeurs ce qui aurait amorcé la véritable rupture avec le socialisme.

Tout ce qu’il a fait jusqu’ici montre que son cœur penche à gauche. Il est à craindre, en plus, que la chute dans les sondages ne conduise les énarques qui l’entourent à renforcer encore ce comportement, ceci au grand détriment du pouvoir d'achat des Français.


Michel de Poncins

http://www.libeco.net/magazine.htm

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