vendredi 6 juin 2008

LES FAUX CADEAUX DE SARKOZY

Noël en mai, Sarkozy promet et accorde. Avouant de cette façon qu'il est hors d'état d'agir directement pour accroître le pouvoir d'achat des Français, le petit roi de l'EIysée leur apporte une compensation, intitulée « intéressement ». Devant les salariés de Poclain Hydraulics, dans l'Oise, il a révélé son plan magique, destiné à restaurer sa popularité, et, peut-être, à mettre du beurre dans les épinards des salariés, une opération d'incitation à un intéressement élargi, transformée en obligation en 2010. Après des éloges de rigueur, le doute est vite apparu, chez tous les intéressés, salariés comme patrons, et économistes.
Depuis 1959, le fameux intéressement des salariés était facultatif. Le voici qui va devenir obligatoire dans moins de deux ans. Cette nouvelle disposition s'adresse aux PME de moins de 50 salariés (dont 11 % seulement, intéressent leurs salariés), et devrait augmenter considérablement le nombre des bénéficiaires, 4 870 000 à 2005, dernier chiffre connu, environ 8 millions n'étant pas couverts. Sarkozy, dans ce cadre, ne tient pas compte de la situation économique ponctuelle des entreprises, ce qui réservera des surprises. Un peu plus de la moitié des entreprises accordent l'intéressement à leur personnel, Sarkozy vise par conséquent un quasi doublement. Il s'agit là du remplacement des augmentations de salaires par un autre procédé. Il n' y a qu' un hic, l'intéressement s'avère très variable d'un employeur à l'autre. Parfois, son montant est presque, symbolique, car il est fonction des résultats.
Le fisc gagnant
Si les PME ne signent pas d'accord d'intéressement, c'est du fait qu'ils sont contraignants sur trois années. Dans l'univers mondialisé, la visibilité des carnets de commande sur une période triennale, relève de l' aléatoire. Comme l'intéressement est déjà en soi avantageux fiscalement, les grandes entreprises sont engagées depuis longtemps dans le système. Celles que Sarkozy veut appâter en plus avec un crédit d'impôt de 20 % se trouvent dans des secteurs à problèmes, à trésorerie réduite. Cadeau fiscal supplémentaire ou non, elles ne s'engageront pas dans le système, car elles subiront une charge de plus sur leur compétitivité, et elles ne pourront verser des sommes suffisamment conséquentes pour des salariés, plus motivés par des augmentations classiques.
Une mesure bourrée de pièges
Celles qui sont engagées dans l' intéressement sont incitées à mieux faire par un crédit d'impôt de 20 %, sur les sommes versées en plus uniquement, ce qui en limite fortement l' aspect positif. Le gouvernement fait un geste au rabais, qui aboutira sans doute à un flop majeur. D'autant plus que la plupart des syndicats, directement concernés, puisqu'il y a obligatoirement accord d'entreprise sur un tel sujet, préfèrent les augmentations salariales, plus sûres. Dans ce domaine, Sarkozy a fait miroiter qu'il allait contraindre le quart des entreprises de plus de 50 salariés n' ouvrant pas de négociations salariales annuelles à en passer par là. Or, il n'y a aucune obligation de résultats. Ce qui rend « l'obligation » illusoire, et partant, les sanctions financières brandies nulles et non avenues,
L'autre geste spectaculaire, sur la fin du blocage de l'argent de la participation, est bourré de pièges. D'abord, l'épargne quelque peu « forcée » du système est détruite, ce qui n'aura pas que des avantages. En effet, première répercussion négative, le régime fiscal change. Les sommes immobilisées cinq ans sont à ce terme exonérées d'impôts sur le revenu. Pas celles utilisées sur l'année, qui seront fiscalisées. Certes, ce sera au choix du salarié, lequel est souvent dans l'obligation de recourir à toutes ses disponibilités, en cas de « coup dur », ou qui préfère parfois les placer. Il sera donc perdant, au profit du fisc. La générosité de Sarkozy profitera à Bercy. Ensuite, les fonds de la participation, avant leur versement, alimentaient les dispositifs d'épargne retraite. Qui perdront une grande partie de cette ressource. Au moment où les retraites sont menacées. Les pensionnés ne diront pas merci à Sarkozy.
Alexandre MARTIN National Hebdo du 5 au 11 juin 2008

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