vendredi 6 juin 2008

SARKOZY, PRÉSIDENT OU PREMIER MINISTRE ?

• Plus de petit déjeuner des leaders de la majorité pour Fillon. « S'il veut les inviter, il peut faire ça le soir ou le week-end. » Réunion des directeurs de cabinet des ministres boycottée par au moins un sur deux. Aucune initiative gouvernementale en matière de loi ne lui est laissée. Organisation d'un G7, 7 ministres n'ayant pour patron que Sarkozy chargés de le court-circuiter. Montée en puissance de Xavier Bertrand, éventuel remplaçant. Heurts quasi quotidiens entre Matignon et l'Elysée. Quasi interdiction de voyages à l'étranger alors que le Président multiplie les voyages. Délestage de la direction de la réforme de la Constitution de Matignon à l' Elysée. Etc. Etc. Voilà quelques-uns des éléments des dernières semaines relatifs à François Fillon. Gaulliste godillot, puis chiraquien godillot, François Fillon a l'habitute d'encaisser. Son parcours, il l'a réalisé haut la main, marche par marche. Il n'est pas énarque, il n'a pas de grand diplôme. Il est permanent politique depuis sa prime jeunesse. Il a appris à encaisser et à entendre. Si Nicolas Sarkozy s'attendait à une erreur, à un éclat, à une saute d'humeur, il s'est trompé. Ce sera à lui de virer Fillon et à personne d'autre.

Dans la logique des Institutions, le premier est élu, le second est nommé: C'est là toute la différence, sauf que Fillon a la confiance des élus, étant un élu lui-même. On l'a vu dans l'affaire du référendum sur la Turquie dans l' Union européenne. Une décision adoptée contre l'Elysée à la suite de l'intervention de quelques députés qui ont refusé de se coucher, tel Jean-Luc Warsmann, pourtant guère connu pour son « droitisme » (en son temps, il avait voté diverses mesures Aubry). Comme le disait si bien Jean-Louis Borloo, « Sarkozy est le premier responsable de la Ve République qui, pour être Premier ministre, soit passé par la case Elysée ». Comme s'il voulait concentrer tous les pouvoirs, très loin de la fonction définie par Charles De Gaulle : un rôle régalien, au dessus des partis et des hommes, des fratries et des coteries. En charge de la politique étrangère, de la Défense et bien peu du quotidien. Définissant quelques grandes impulsions, donnant quelques grandes lignes mais n'apparaissant pas comme le pompier de service, des pêcheurs du Guilvinec jusqu'aux victimes de tel ou tel accident. Cette chute dans les sondages, il en est le principal responsable et à la fois la principale victime. Même s'il aimerait bien faire porter le chapeau à Fillon le rusé, Fillon l'édredon.
National Hebdo du 5 au 11 juin 2008

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