dimanche 14 décembre 2008

Sarkozy effeuille la marguerite

Les horticulteurs lui en veulent, et pour cause : le trop malin ministre du Budget entend les rouler dans la farine de la manière la plus tordue qui soit. Nicolas Sarkozy s'est cru très astucieux en faisant semblant de céder à la légitime revendication des producteurs de fleurs, au sujet du taux de TVA abusif qui les frappe. En effet, Pierre Bérégovoy avait, en son temps, porté la TVA horticole de 5,5 % à 18,6 %. Ce coup de matraque fiscal a déjà mis en faillite de nombreux professionnels, entraîné des licenciements et, ô justice immanente, coûté cher au fisc, lequel a récolté beaucoup moins d'argent qu'au temps de la TVA à 5,5 %
✑ Le piège européen
Pendant plus d'une année entière, Sarkozy resta obstinément sourd aux appels angoissés des horticulteurs. Devant la menace d'une manifestation, le rusé politicien de Neuilly fit mine de céder au printemps 1994. Il annonçait, devant l'Assemblée nationale, que le taux de TVA sur les fleurs allait être ramené à 5,5 % le 1er janvier 1995. Toutefois, il y mettait une condition : si... tous les autres pays de l'Union européenne ne remontaient pas leur taux à 18,6 % ; la condition de Sarkozy s'avérait diabolique. En fait, elle revenait à demander à la Commission européenne de proclamer les 18,6 % comme taux obligatoire. Ainsi se trouverait dégagée la responsabilité du faux jeton Sarkozy. Les horticulteurs n'eurent pas besoin de dessin pour saisir la manœuvre et firent savoir qu'ils ne voulaient pas de la transformation de leur problème en problème européen.
Depuis, l'affaire est à l'étude à Bruxelles. Entre-temps, Sarkozy, prévoyant tout, y compris l'éventuel attentisme bruxellois, a enclenché une nouvelle rouerie. Sous prétexte de sauver un organisme étatique, le CNIH (Centre national interprofessionnel de l'horticulture), il a fait concocter une réforme visant à en assurer le fonctionnement grâce à une taxe prélevée, bien sûr, sur les producteurs de fleurs. L'Union nationale des intérêts professionnels horticoles a réagi en exigeant la dissolution du CNIH, et en avertissant qu'une épreuve de force serait inévitable si les pouvoirs publics persistaient dans leur volonté, allant contre celle de 95 % des professionnels. Que va bien pouvoir imaginer maintenant le cauteleux Sarkozy, afin de couper la croissance des fleurs de France ?
✍ National Hebdo du 1 au 7 septembre 1994

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