vendredi 27 juillet 2007

Nicolas Sarkozy, profession jeune

Déjà en 92, l'homme des médias.
Il y a des hommes politiques qui doivent leur notoriété à leur talent, leur éloquence ou leurs relations. Nicolas Sarkozy, lui, doit la sienne à la télévision. « C'est vrai, nous avons largement contribué à le fabriquer. Mais c'est aussi parcequ'il passe très bien à l'écran », avouait récemment le directeur de l'information d'une grande chaîne privée.
Là où il passe malheureusement moins bien, c'est au RPR.
Plus gênant, Philippe Séguin et Charles Pasqua le détestent encore plus qu' Édouard Balladur, c'est dire.
L'homme est curieusement aussi creux qu'agaçant.
Surtout depuis avril 1992, date à laquelle il a été promu secrétaire général adjoint aux fédérations, antichambre du fauteuil occupé par son meilleur ennemi, Alain Juppé.
Nul doute que l'homme ferait un ministre tout à fait présentable. Même s'il est un des seuls à le penser.
Ses atouts: sa jeunesse et le soutien que lui apportent les médias. Ses handicaps: une aussi rapide ascension lui a valu nombre d'ennemis dans l'appareil gaulliste, surtout à la base et chez les proches de Pasqua qui ne manqueront pas de le faire chuter à la première occasion.
Nicolas Gauthier, Minute- La France 1992

lundi 23 juillet 2007

Sarközy ne défendra jamais l’identité nationale

Le nouveau préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'azur (PACA) (donc nommé par Sarközy , note UdP), Michel Sappin , a estimé mardi que les critiques contre le projet de grande mosquée défendu par la ville de Marseille avaient « des relents racistes », lors d'une rencontre avec la presse.

Le conseil municipal de Marseille a adopté lundi une délibération remaniée pour implanter une grande mosquée et améliorer les conditions d'exercice du culte musulman sur son territoire.

Un premier projet avait été annulé par le tribunal administratif saisi par le Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, le Mouvement pour la France (MPF) et le Front national (FN). Le MNR a d'ores et déjà annoncé qu'il déposera un recours contre le nouveau projet.

« Il est scandaleux de ne pas vouloir accepter que les pratiquants d'un culte aussi important que le culte musulman puissent pratiquer dans des conditions de dignité », a insisté M. Sappin en réaffirmant sa solidarité avec le projet de grande mosquée défendu par le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin .

« Il n'y a rien de honteux à ce que la collectivité s'engage à aider la communauté » pour la construction de cet édifice, a-t-il ajouté.

Selon la délibération adoptée lundi, la ville va consentir un bail emphytéotique de 50 ans à l'association La Mosquée de Marseille , moyennant un loyer annuel de 24 000 euros, pour une parcelle de 8 616 m2 dans le quartier Saint-Louis (15e arrondissement) qui a abrité des abattoirs avant de servir au stockage des décors de l'Opéra.

Marseille dont un quart de la population est musulmane - pratiquante ou non - compte 62 lieux de cultes d'une capacité d'environ 13 140 places, souvent insuffisante pour accueillir l'ensemble des fidèles.

D'autres villes de France comme Paris ou Strasbourg ont déjà leur « grande mosquée ».

Note UdP : décidément, la très républicaine laïcité ne pèse pas lourd face au clientélisme électoral communautaire… Et Sarkö serait censé appliquer le programme de la droite nationale, sous prétexte que les électeurs du camp national ont voté pour lui ?

Source : AFP

Sarko n'a pas tenu parole.

Le sort de 143 salariés en jeu!

La grève de la faim du député centriste Lassalle contre le groupe japonais ToyoToyal avait fait grand bruit au printemps 2006. Il s'agissait d'empêcher la délocaIisation de son usine de la vallée d'Aspe vers un autre site de la Région Aquitaine, Lacq. Lassalle avait gagné, du moins la première manche, par son initiative. A vrai dire grâce à un accord équivoque imposé par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. L'équivoque est en train de se dissiper. Toyo-Toyal a estimé que Sarkozy, qui avait annoncé 410 000 euros à l'entreprise pour subventionner les surcoûts entraînés par l' accord, n'a pas tenu parole. Du coup, Toyal reprend la sienne. Le sort des 143 salariés de la vallée d'Aspe est à nouveau en jeu, après ce qui ne constituait qu'un élément de stratégie . électoraliste de Sarkozy.

National Hebdo

dimanche 22 juillet 2007

EUROGROUPE

Nicolas Sarkozy "met de l'eau dans son vin"

Comme il s'occupe de tout, Nicolas Sarkozy voulait aller lui-même à la réunion de l'Eurogroupe, qui est une réunion des ministres des Finances de la zone euro, pour expliquer sa politique budgétaire, non conforme au «pacte de stabilité» de Maastricht et aux engagements précédents de la France quant à la réduction des déficits. En réalité,il voulait aussi et d'abord aller à Bruxelles pour lancer son idée super-européiste d'un renforcement de l'Eurogroupe en une structure politique de gouvernance économique de la zone euro. Et il voulait aussi se faire le champion de la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI; Accueilli par de fermes critiques, tant de la part du commissaire européen que de plusieurs ministres des Finances, Sur le fait qu' il repoussait à 2012 la date butoir pour supprimer les déficits publics alors que les pays de la zone euro ont arrêté la date de 2010, Nicolas Sarkozy s'est engagé à réduire le déficit à 2,4 % du PIB dès cette année et de le réduire encore l'an prochain, et a promis de ne pas relâcher ses efforts de consolidation budgétaire. Et si la croissance est supérieure aux prévisions,

« on pourra être au rendez-vous de 2010 ». En attendant, il a dû s'engager à présenter un programme de stabilité actualisé en septembre, qui sera ensuite régulièrement révisé.

« Ce qu'on a obtenu va au delà de ce que nous attendions », s'est félicitée une source communautaire, il a dû «mettre de l'eau dans son vin » ...

En bref, Nicolas Sarkozy s'est plié aux exigences européennes tout en se gardant une marge de manœuvre.

Quant à sa proposition (à des ministres ...) d'une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro en vue d'en faire une structure politique, elle n'a eu aucun écho favorable. Et la Banque centrale européenne a naturellement profité de l'occasion pour rappeler son opposition absolue à un gouvernement économique qui limiterait son indépendance garantie par les traités ...

Enfin, sur la Proposition de faire de Dominique Strauss-Kahn «le candidat de la France et de l'Europe» à la tête du FMI, les ministres sont d'abord restés très évasifs. Mais au petit-déjeuner du lendemain matin, cette candidature a reçu « un large soutien », selon un diplomate.

National Hebdo

samedi 21 juillet 2007

Le piège constitutionnel de Nicolas Sarkozy

Il veut tout verrouiller

Réviser la Constitution de la Ve République... Le premier mot qui vient à l'esprit à l'annonce du projet de Nicolas Sarkozy est: encore ! Comme si elle n'avait pas été charcutée suffisamment par Giscard, Mitterrand et, surtout, Chirac. En fait, son projet est dangereux. Ce qu'il veut, c'est empêcher à jamais un courant « protestataire » de parvenir au pouvoir. Et imposer le bipartisme.

Tel est donc le premier grand chantier de Nicolas Sarkozy, qu'il entend mener à sa façon, à la fois directive et faussement consensuelle.

Réviser la Constitution, pour quoi faire ? Il a tenté de s'en expliquer le 12 juillet à Epinal, là où le général De Gaulle, le 29 septembre 1946, expliqua son désaccord avec la Constitution adoptée la nuit précédente par l'Assemblée nationale et détailla sa vision des institutions.

Discours fleuve, d'un lyrisme tout gaullien, il n'est pourtant pas convaincant, tant il est empli de contradictions. Ainsi de l'hommage presque indécent qu'il rend au "génie" du général De Gaulle en matière institutionnelle, à celui qui a doté la France d'un régime que « nous devons à tout prix préserver", notamment par l'élection du président de la République au suffrage universel, hommage qui mène le chef de l'Etat à dire que, si "depuis 25 ans les changements nécessaires n'ont pas été accomplis", "ce ne sont pas les institutions qui sont en cause, ce sont les idées, les comportements, les actes", ce sont les politiques qui ont été menées. Or néanmoins, au nom d'un refus de l'immobilisme qui s'apparente au "baugisme" théorisé par le sociologue Pierre-André Taguieff, sous couvert de rattraper un "retard" qui n'est nulle part explicité, Nicolas Sarkozy juge que ses réformes ne peuvent attendre.


Sarkozy pourfend... son hyperprésidence

Parmi toutes les innovations qu'il propose, et qui seront soumises à la réflexion de la commission présidée par Edouard Balladur, chacune mériterait un développement, ne serait-ce que pour souligner le peu d'urgence qu'il y a à s'en préoccuper, voire leur absurdité. "Si le gouvernement ne peut pas gouverner, explique Sarkozy pour souligner la nécessité de donner plus de poids à celui-ci, la France ne pourra pas se réformer."

Extraordinaire renversement de la part du chef de l'Etat, qui fait porter aux institutions une responsabilité qu'elles n'ont pas et dont il porte seul la charge, n'ayant eu de cesse, depuis qu'il est à l'Elysée, de déposséder le premier ministre et tous les ministres ayant la charge de quelque dossier important de toutes leurs responsabilités, au mépris de l'article 20 de la Constitution de la Ve République qui dispose : "Le gouvernement définie et conduit la politique de la nation". Est-ce par la faute des institutions, par celle du président de la République ou par celle de François Fillon que ce dernier ne détermine ni ne conduit rien ?

D'ailleurs, qui détermine et conduit réellement la politique de la France ? Le chef de l'Etat français, vraiment ? Nicolas Sarkozy justifie aussi la nécessité du "changement" institutionnel par un événement qu'il balaye d'une phrase : "Il est vrai que depuis un demi-siècle, la constitution de l'Europe a beaucoup progressé et que le droit communautaire a pris une place grandissante dans notre vie quotidienne." Alors quoi ? Alors rien. Sur ce point, celui, essentiel, de la souveraineté du peuple français, Nicolas Sarkozy ne propose aucune piste de réflexion. Il prend acte. Le Parlement est devenu une chambre d'enregistrement ? Qu'il le demeure. La "rupture" a ses limites que le droit communautaire impose.

Quand bien même le peuple français voudrait redevenir maître de son destin ? Quand bien même. Son aspiration à plus de "démocratie directe", lui aussi, a ses limites. "Il me semble que le référendum ne remplit plus ce rôle et que cela ne suffit plus." Soupçonné d'être tenté par un régime plébiscitaire, Sarkozy est en fait de la race de ces démocrates qu'il pourfend par ailleurs et qui ne craignent rien tant que "les passions populaires". La politique est une affaire trop sérieuse pour que les hommes politiques en soient dépossédés...

Vers une tyrannie douce et consensuelle...

C'est dans cet esprit-là qu'il est une idée de réforme, anodine en apparence car ne semblant pas mettre en péril la clef de voûte de notre régime, qui est - nous en pesons les mots - proprement scandaleuse et lourde de menaces sur l'avenir démocratique de la France. Nicolas Sarkozy souhaite en effet que « l'opposition » soit dotée d'un « statut ». Selon lui, il faut envisager naturellement (voilà qu'il reprend les tics de langage de Chirac, ce « naturellement » qui signifiait que le chef de l'Etat était en train de nous berner...) cette reconnaissance du rôle de l'opposition dans la perspective d'une revalorisation du rôle du Parlement.

Cette idée n'est pas nouvelle. il l'avait déjà exposée dans Libre, publié été 2006. Avec plus de détails, comme l'idée que « l'opposition » puisse « avoir des représentants lors des visites officielles » - songeait-il déjà à faire entrer Bernard Kouchner au gouvernement ? - et celle que le financement public attribué à ladite « opposition » ne soit plus dépendant du nombre de suffrages recueillis aux élections législatives.

Or qu'est-ce que « l'opposition » selon Nicolas Sarkozy ? Celle, et uniquement celle, qui est représentée au Parlement. Celle qui l'est de façon massive et pas celle qui bénéficierait de la "dose de proportionnelle" qu'il veut bien concéder. On comprend mieux alors qu'il ait fait référence à Epinal, pour le donner en exemple, au système anglais, avec "son bipartisme, son consensus idéologique, son absence de courants de pensée révolutionnaires"...

La réforme que souhaite Nicolas Sarkozy est un véritable piège. Ses conséquences ne sont pas difficiles à imaginer : les quelques députés « protestataires » c'est ainsi qu'il les définissait dans son livre - élus à la proportionnelle auraient le droit de protester ; les députés de l'opposition officielle, reconnue comme telle, seraient à la fois associés au pouvoir par leur droit de regard, par exemple, sur les nominations aux "postes de haute responsabilité", et pourvus en moyens financiers constants leur permettant de ne pas souffrir des humeurs de l'électorat !

Une structure particulièrement vicieuse qui assurerait aux tenants du "système", ceux que l'on appelait hier "la bande des quatre" et qui ne sont plus que deux, UMP et PS, la quasi-assurance de se maintenir alternativement ou ensemble à la tête du pays tout en donnant l'illusion au peuple que la démocratie progresse...

En quelque sorte, une bipolarisation laïque, publique et obligatoire. En d'autres termes, une tyrannie.

Jean·Marie Molitor Minute du 18 juillet 2007


vendredi 20 juillet 2007

Sarközy-Fillon inspirent confiance au MPF

Le MPF vote la confiance à Sarkozy-Fillon

Les deux députés villiéristes de Vendée (Véronique Besse, non inscrite, et Joël Sarlot, apparenté au groupe UMP) ont voté la confiance au gouvernement Fillon à l’issue de la déclaration de politique générale du Premier ministre. En cela, ils se sont montrés davantage soumis au nouveau pouvoir que Nicolas Dupont-Aignan. Le député souverainiste de l’Essonne s’est en effet abstenu, à l’instar des quatre élus du MoDem (François Bayrou, Jean Lassalle, Thierry Benoit et Abdoulatifou Aly).

Il est vrai que Villiers et les siens ont toujours voté la confiance aux différents gouvernements de “droite”: Balladur en 1993, Juppé en 1995, Raffarin en 2002, Villepin en 2005 et donc Fillon en 2007. Dans ces conditions, le vicomte aurait pu s’abstenir pendant toute la campagne présidentielle de jouer à la rupture franche et radicale avec le système UMPS.

Rivarol, n° 2820 du 20 juillet 2007.
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Avec Sarközy, la délation citoyenne


Rivarol n° 2819 du 13 juillet 2007.
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Sarkocouacs

Editorial
Sarkocouacs

LE DÉRAPAGE verbal de Patrick Devedjian traitant de “salope” l’ex-député UDF du Rhône Anne-Marie Comparini (voir page 2) a dû ravir Sarkozy. Non seulement parce que voici l’ambitieux secrétaire général délégué de l’UMP placé en position d’infériorité face à lui, qui reste “le patron naturel de l’UMP” comme en est convenu Jean-Pierre Raffarin, mais surtout parce que le scandale aussitôt suscité, amplifié, répercuté par les cries d’orfraie de l’outragée a éclipsé les premiers couacs, pourtant retentissants, de la présidence.

L’impudence avec laquelle le chef de l’Etat français s’était attribué tout le mérite du succès (très relatif : voir l’édito du 29 juin) du Conseil européen de Bruxelles avait-elle exaspéré l’Allemagne, qui exerçait la présidence tournante des Vingt-Sept ? Toujours est-il que, une semaine plus tard, François Fillon a dû se rendre fort humblement à Berlin pour dire “toute son admiration” à Angela Merkel. “Admiration pour les succès de la politique économique allemande” mais “admiration surtout” pour l’habileté avec laquelle la Kanzlerin a “débloqué la crise constitutionnelle européenne”. Le Premier ministre ayant affirmé que Nicolas Sarkozy et lui-même sont “totalement interchangeables” en matière de politique étrangère, la démarche équivalait à présenter des excuses à Merkel, qui a bien voulu les accepter.

L’UMP sera-t-elle aussi facile à amadouer ? Elle avait déjà très mal pris la nomination au gouvernement de Rama Yade, de Fadela Amara, de Bernard Laporte, etc., venant après celle des Gouyet, Hirsch, Kouchner et autres Besson dans le gouvernement Fillon 1. Pourquoi, s’interrogeaient les élus et les militants du parti majoritaire, le Premier ministre avait-il conditionné le maintien dans un ministère à l’onction du suffrage universel aux législatives alors que les Excellences venues d’ailleurs ont pu garder ou décrocher un portefeuille sans se prêter à l’épreuve électorale ? Et certains, même hostiles à Alain Juppé, de déplorer l’obligation faite au maire de Bordeaux de résigner ses fonctions de ministre d’Etat après sa défaite le 17 juin devant la socialiste Delaunay. “A croire que Sarko voulait avant tout se débarrasser de lui et le carboniser”, râlent certains UMP.

Dont, en pleine rentrée parlementaire, la fureur a redoublé en ouvrant le n° du 28 juin du Nouvel Observateur où le député socialiste (et ancien trotskiste) Julien Dray raconte complaisamment comment l’Elyséen lui a offert au soir du second tour des législatives le ministère de l’Intérieur — détenu par Michèle Alliot-Marie — en lui expliquant: “Je veux le gouvernement des meilleurs. Je veux l’équipe de France des talents. Pour le moment, je ne suis entouré que de zozos”. Catégorie dans laquelle Sarkozy range donc, outre Alliot-Marie (ce qui est rassurant en pleine période de menace terroriste!), Borloo, Bachelot et autres Bussereau ainsi bien sûr que son Premier ministre François Fillon, dont il a fait de son mieux pour torpiller le 3 juillet la Déclaration de politique générale devant le Parlement, le faisant court-circuiter par Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée.

Est-ce d’ailleurs pour se débarrasser des “zozos” qu’après avoir catapulté le socialiste Bockel à la Coopération et à la Francophonie, il avait aussi proposé le ministère de l’Agriculture à un autre hiérarque socialiste, le président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian ? Initiative qui a lancé la droite armoricaine sur le sentier de la guerre, le député du Finistère Jacques Le Guen n’hésitant pas à condamner publiquement le “foutage de gueule” auquel s’est livré le président vis-à-vis de ses électeurs.

A l’autre extrémité de l’Hexagone, c’était déjà le (res)sentiment des Alsaciens qui, après avoir offert à Sarkozy 65% des voix — jusqu’à 90% dans certains villages ! — et 15 députés sur 16, en ont donc été remerciés… par la nomination de leur adversaire Jean-Marie Bockel qui, interrogé le 29 juin par Le Parisien, déclarait tout uniment: “De gauche je suis, de gauche je reste.” Pour tenter de désamorcer la fronde, le successeur de Chirac avait traité la veille à l’Elysée les élus alsaciens, mais outre que, ce jour-là, sortait donc l’explosive confidence de Dray, il en aurait fallu davantage pour les retourner qu’un joli talent de vendeur de cravates et la promesse d’une prochaine “visite aux forces vives et à la population”. Le déjeuner fut donc “glacial”, la député de Mulhouse Arlette Grosskost, qui brigue la mairie de Mulhouse détenue actuellement par Bockel, étant la plus remontée. Et pour cause : la question ayant été carrément posée de savoir si, aux municipales, le président allait soutenir son ministre ou son élue, Sarko a botté en touche, arguant qu’il avait “pour l’instant suffisamment de problèmes, de défis à relever pour ne pas aborder d’ores et déjà ce sujet qui fera l’objet d’une décision de l’UMP dont il ne se mêlerait pas directement”. Tout en laissant planer la menace d’une exclusion de Mme Grosskost si celle-ci maintenait sa candidature.

Pour paraphraser un adage célèbre, on sait depuis longtemps que l’ingratitude est la politesse des Grands. Mais le “nain magyar” devrait se méfier : son état de grâce ne durera pas longtemps si, en plus de son insupportable cosmopolito-parisianisme qui le rend si étranger à nos provinces (oubliés, Péguy et Barrès, le Mont-Sainte-Odile et Sainte-Anne d’Auray !), il persiste dans sa désinvolture, voire son mépris de ceux qui l’ont porté au pouvoir.

OÙ l’on allait voir ce qu’on allait voir, après l’immobilisme des années Chirac. “Je ferai les choses autrement”, avait-il promis. Le premier test devait être la réforme des Universités, sur laquelle avait justement calé Chirac Premier ministre en 1986. Pas tout à fait une réforme, d’ailleurs, à peine une réformette puisqu’elle se gardait bien de rétablir l’indispensable sélection à l’entrée des facs, se bornant à la reculer après la licence (quand plus de la moitié des étudiants ont déjà décroché), à réduire le nombre de sièges dans les conseils (ou soviets) d’universités et à offrir à celles-ci le choix de l’autonomie. Mme Valérie Pécresse étant depuis des mois donnée ministre de l’Enseignement supérieur, ladite réforme était bien entendu bouclée avant même sa nomination au gouvernement. Or, dès le premier froncement de sourcils de l’UNEF, l’hyperprésident prenait le dossier en main et obligeait Pécresse à remballer son texte, dont, après avoir reçu à l’Elysée les syndicats étudiants, il lui imposait une nouvelle version, totalement aseptisée. Et qui ne changera pratiquement rien à la (désastreuse) situation actuelle de l’Alma Mater.

On comprend qu’après la crise du CPE, due avant tout à l’autisme de Dominique de Villepin et à son refus de toute concertation, le nouveau président ait voulu se montrer prudent. Mais devait-il tant lâcher, et si vite ? Sa reculade augure mal, en tout cas, des projets de loi à venir sur l’immigration et notamment le problème des sans-papiers: cédera-t-il devant l’intraitable Réseau Education sans Frontières — qui continue manifs et occupations d’écoles — comme il l’a fait devant l’UNEF ? Les naïfs pressés de voir leur cher Sarko nettoyer squats et cités au Kärcher risquent d’attendre longtemps.

“La droite cocufiée”, telle était notre manchette du 18 mai. C’est un dix-cors qui peut désormais symboliser l’électeur sarkozyen.
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Sarkö imperator

Petite chronique judiciaire par Claude Lorne

DE Mondial en Saint-Sylvestre, c’est toujours le même refrain : il faut attendre plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, pour savoir combien ces réjouissances ont coûté en “incivilités” et en blessés. La dernière Fête de la Musique n’a pas manqué à la règle, qui s’est soldée par une centaine d’hospitalisations de Dunkerque à Barcelonnette, plusieurs centaines de vols et au moins un mort : un jeune père de famille marocain, tué de neuf coups de couteau à Bordeaux. Ouvrier dans le bâtiment, le malheureux, qui se rendait à l’aube à la gare, a été poursuivi par quatre ou cinq voyous qui, furieux de tomber sur un pauvre hère, se sont vengés en le saignant à blanc. Quand on vous dit que la musique adoucit les moeurs…

Israël : le tueur raciste est irresponsable…

A propos de surineur, peut-être vous demandez-vous ce qu’il est advenu du sympathique Parisien Julien Soufir qui, ayant fait son aliyah à Sion, y avait le 14 mai dernier attiré un chauffeur de taxi arabe dans un guet-apens puis l’avait égorgé, car il voulait “se payer un Arabe”. Rendant compte le 25 mai de ce meurtre emblématiquement raciste, RIVAROL prédisait que son auteur serait déclaré irresponsable. Gagné ! Ce fut en effet la conclusion des experts psychiatres lors de l’ouverture du procès de Soufir à Tel-Aviv, rapportait Actualité juive dans son édition du 21 juin où, à la page suivante, Me Jean-Louis Médina, président du CRIF-Isère, racontait la visite de quelques-uns de ses confrères dans l’Etat hébreu et soulignait combien “les avocats français ont été stupéfaits par la vigueur et la vivacité de la démocratie israélienne”.

… mais pas de pitié pour Priebke et Waldheim

Et Actu-J, qui s’indignait de voir les Palestiniens faire fi de la “présomption d’innocence” en ce qui concerne Soufir, de se scandaliser en revanche de la décision d’un tribunal militaire italien d’accorder une permission de sortie quotidienne à l’ancien capitaine SS Priebke, pourtant assigné à résidence à perpétuité pour sa participation à un massacre de partisans dans les Fosses ardéatines de Rome en mai 1944. Point de détail : Erich Priebke est aujourd’hui âgé de 93 ans. La communauté redoute-t-elle donc la récidive ? En tout cas, à force de tempêter, elle a obtenu l’annulation de la mesure. Priebke est à nouveau bouclé sous surveillance dans sa résidence romaine.

Grosse déception par contre pour ce qui est de l’ancien secrétaire général de l’ONU et ancien président de la République d’Autriche Kurt Waldheim, “parti dans l’impunité” le 14 juin, à l’âge de 88 ans, sans avoir jamais répondu des “boucheries”, commises sous l’uniforme de la Wehrmacht en Yougoslavie, que lui imputait le Congrès juif mondial en l’accusant d’avoir en outre organisé des déportations de juifs. Certes, Waldheim — qui n’était que lieutenant à l’époque — échappa à un procès mais sa présidence fut sinistre, la fatwah lancée contre lui par le CJM lui interdisant tout déplacement à l’étranger, ce qui est pour le moins gênant, et frustrant, pour un chef d’Etat. Vous imaginez-vous Chirac cloué pendant douze ans de l’Elysée à Brégançon, privé de sommets internationaux, de balades en Afrique, d’excursions au Japon, de vacances ô combien méritées à l’île Maurice ou au Maroc ? Il en aurait péri d’ennui.

Chirac aux assises ?

Mais, justement, quid de Chirac maintenant qu’il n’est plus (depuis le 16 juin) qu’“un justiciable comme un autre” selon le mot du Premier ministre Fillon ?

Son avocat Jean Veil — fils de Simone — vient de faire savoir que l’ancien président serait entendu “avant le 15 septembre” comme témoin assisté par le juge Philibeaux dans le dossier des emplois fictifs du RPR — un épais dossier: “15 volumes, de 2 000 pages, soit 30 000 pages au total” — qui a déjà valu au fusible Alain Juppé 14 mois de prison, assortis du sursis mais aussi d’une peine d’inéligibilité. Et c’est ensuite le magistrat parisien Xavière Siméoni qui prendra la relève, pour tenter d’éclaircir un autre dossier, tout récemment validé par la Cour de cassation, mettant en cause l’ancien patron du RPR dans un “système structurel délictueux” : celui des “chargés de mission de la ville de Paris”, en réalité détachés auprès du parti chiraquien afin de multiplier ses chances électorales… et de favoriser ainsi le destin national de son chef qui, du coup, pourrait être inculpé de “faux en écriture publique par personne ayant l’autorité publique”. Délit ou plutôt crime passible des Assises et de quinze ans de réclusion.

Un justiciable à géométrie variable

Autres dossiers fort embarrassants pour l’illustre retraité — qui, comble de révérence, sera auditionné par le juge Philibeaux dans un endroit tenu secret pour éviter toute publicité déplaisante — celui des faux listings Clearstream incriminant des adversaires du couple infernal qu’il formait avec Villepin et celui du sabotage de l’enquête sur la mort mystérieuse du juge Borrel déclaré hâtivement suicidé alors qu’il avait de toute évidence été assassiné — voir RIV. du 22/6. Mais là, pas question de se laisser cuisiner, quelques formes que Thémis y mette. Non et non, Chirac ne témoignera pas sur ces sujets puisque, a-t-il tenu à rappeler dans un communiqué, aux termes de l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen comme de l’article 67 alinéa 1er de la Constitution, “le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité”, ce qui “exclut qu’un ancien chef de l’Etat puisse être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat et dans l’exercice de ses fonctions”. Et le communiqué d’insister, de crainte qu’on n’ait pas compris : “Cette position de principe, conforme à la tradition républicaine et qui était celle de son prédécesseur, n’autorise pas le président Chirac à répondre favorablement à la démarche des juges d’Huy et Pons (chargés du dossier Clearstream). Il leur a écrit en ce sens.”
Circulez donc, il n’y a rien à voir. Mais si, ce qu’à Dieu ne plaise, Jacques avait entre 1995 et 2007 estourbi Bernadette, ou encore écrasé un quidam alors qu’il roulait aux petites heures en état d’ivresse, ces “faits accomplis durant son mandat” seraient-ils également couverts par la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ? Dont on s’étonne d’ailleurs qu’elle place un ancien chef de l’Etat si au-dessus de la loi commune.

Le chouchou du Consistoire

Au demeurant, le locataire de la famille Hariri (dans un duplex de 396 m2, rappelons-le) n’a pas trop à s’en faire. D’une part, même dans les dossiers où il sera entendu en tant que témoin assisté, plusieurs volets seront abandonnés compte tenu de la prescription et, d’autre part, il peut compter dans ses malheurs sur un allié de poids : le Consistoire de France, fédérant les Consistoires régionaux et les 250 communautés juives de France, qui avait organisé pour lui le 24 juin dans la salle Jérusalem de la Grande Synagogue rue de la Victoire à Paris une grande et touchante cérémonie d’adieux. Bien méritée si l’on pense à son “combat de tous les instants contre l’antisémitisme” comme le dit le président Jean Kahn dans un hommage vibrant où furent exaltés l’action de Chirac mais aussi “ses discours exceptionnels prononcés notamment le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la Rafle du Vel’ d’Hiv’, pour affirmer la responsabilité de la France à propos des méfaits de Vichy (1) ou encore lors de la cérémonie d’Hommage aux Justes au Panthéon en janvier 2007”.

Si le président du Consistoire était “visiblement ému” selon les gazettes, l’ancien président français, coiffé d’une kippa (argentée, semble-t-il) du meilleur effet, ne l’était pas moins, qui, en réponse au panégyrique, déclara que “c’était à la France de remercier la communauté juive en raison de tous ses apports dans les domaines scientifiques et artistiques”.

De Barbra superstar…

Avec par exemple le récital au Palais Omnisports de Paris-Bercy le 25 juin de la New-Yorkaise Barbra Streisand, applaudie par une foule de Very Important People dont notre First Lady Cécilia Sarkozy, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, sa femme (Christine Ockrent) et son prédécesseur Douste-Blazy, qui ont apparemment du fric à claquer, les places culminant à 750 euros. Et les produits dérivés coûtant eux aussi la peau du dos, 45 euros pour un tee-shirt, 20 pour une simple tasse (made in China), etc. Pour faire passer la pilule, la diva a promis qu’une partie (non précisée) des recettes serait reversée à des associations philanthropiques, via la Fondation Streisand dont la vocation, d’ailleurs assez peu originale, est de “sauvegarder la Terre, son peuple, sa faune et sa flore”. Mais connaissant le vécu et les engagements de la dame, née à Brooklyn dans une famille où l’on parlait yiddish plutôt qu’anglais, et cible en 1968 de menaces palestiniennes pour son dévouement passionné à la cause d’Israël, on peut penser que la “Terre” privilégiée par sa Fondation est la Terre promise. Ce qui ne saurait gêner ni Cécilia ni Kouchner.
Si Nicolas était absent lors du sacre parisien de Mrs Streisand, il s’est rattrapé le surlendemain en la recevant à l’Elysée pour lui remettre en personne les insignes d’officier de la Légion d’Honneur et “témoigner de l’attachement des Français” à “cette artiste accomplie, à l’immense talent, aux multiples facettes et à la voix unique”, “actrice et réalisatrice aux choix éclectiques et citoyenne engagée”.

Parmi les Français de haute volée venus à l’invitation de Sarkozy témoigner leur attachement à l’Américaine, deux personnalités très remarquées: la Franco-Sénégalaise Rama Yade, nouveau secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, et son époux Joseph Zimet, socialiste oeuvrant dans l’humanitaire mais surtout frère du “célèbre chanteur yiddish Ben Zimet” (cf. Actu J.). Comme quoi une représentante des “minorités visibles” peut cacher un spécimen de certaine minorité moins visible, mais infiniment plus influente.

… En sarco Imperator

Autre rendez-vous sur l’agenda de notre cher président, l’inauguration de la nouvelle “reconstitution” réalisée grandeur nature par la “Ferme aux Crocodiles” de Pierrelatte (Drôme) et dont la vedette sera un saurien de 12 mètres de long et quatre mètres de large qui vivait il y a 110 millions d’années au Niger.

En quoi cela peut-il intéresser le chef de l’Etat ? Il se trouve qu’en paléontologie, cet intéressant animal se nomme le “Sarcosuchus imperator” ou, plus vulgairement, le “Sarco imperator” Mais, comme le précisent certains romanciers en exergue de leur ouvrage, toute ressemblance avec des personnages réels ne saurait être que fortuite puisque, quoi que puisse penser le mari de Bernadette depuis longtemps convaincu qu’il y a du croco dans Sarko, et de l’espèce la plus sanguinaire, le monstre fut ainsi baptisé en 1959. Bien avant donc que le petit Nicolas n’entame l’irrésistible ascension qui allait mener à la chute de la maison Chirac.

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(1) Le 16 juillet 1942, selon Chirac, “la France, patrie des Lumières et des droits de l’homme, la France, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à ses bourreaux.” Mais l’irréparable ne devait-il pas être aussi commis vingt ans plus tard quand la France de De Gaulle livra Européens d’Algérie et harkis, qui eussent dû être ses protégés, à leurs bourreaux ? On ne sache pas que Chirac ait jamais flétri cette atrocité. Ni d’ailleurs son auteur.


vendredi 13 juillet 2007

Bush, la référence de Sarkö



Sarközy n'a jamais caché, il l'a même mis en exergue que Bush était pour lui un modèle. Aussi ce qui suit nous intéresse directement. Au cours de son long périple en Europe à l'occasion du G8 où le président des Etats Unis a ouvertement menaçé la Serbie et exigé une indépendance rapide du Kosovo se rapprochant ainsi de son pote Clinton, les Républicains du sénat US lui ont infligé un puissant camouflet en rejetant son plan d'amnistie massive des clandestins. on rapellera que cette question brûlante n'est apparue dans les projets de Bush que lors de la seconde et dernière mandature et qu'il entendait bien faire passer avec les Démocrates.

Sitôt de retour à Washington, il convonquait une conférence de presse et annonçait, vindicatif, son intention de représenter et de faire passer le S.1348 le plus tôt possible : "Rendez vous à la signature", lança-t-il. et pour bien montrer sa détermination, en route pour son ranch texan à bord d'Air force One, il téléphonait au sénateur républicain d'Arizona John Kyl, l'élu le plus impliqué du parti de l'éléphant dans la loi d'amnistie, et aux sénateurs démocrates Ted Kennedy, auteur du projet de loi, et de Ken Salazar, un hispanique, pour le remercier et mettre sur pied une nouvelle stratégie. A méditer par toux ceux qui croient que Sarközy, l'ami de Bush et de Blair, est un vrai défenseur de l'identité nationale.

Source : Rivarol du 06/07/2007.

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