samedi 4 août 2007

En domestiquant les éléphants, Sarközy aide le PS à se rénover

Jean Rouxel - mercredi 18 juillet 2007

C’est avec jubilation que Nicolas Sarkozy pratique l’enlèvement des Sabines : les caciques du PS. Il a nommé six ministres ou secrétaires d’État de gauche.
Ainsi, il a attribué l’important ministère des Affaires étrangères au sémillant Bernard Kouchner. Il a redonné vie à Dominique Strauss-Kahn, ex-ministre de l’Économie et des Finances débouté de la campagne présidentielle, en en faisant le candidat de la France à la tête du FMI. Il a réanimé un autre éléphant, l’ex-ministre de la Culture Jack Lang, en lui proposant de participer à une commission sur la réforme des institutions, ce que ce dernier ne refusera sans doute pas. Il a confié à l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, la direction d’une mission d’étude sur la mondialisation.

Des députés UMP récriminent. Frustrés des postes confiés à des socialistes, ils reprochent à Sarkozy une ouverture à gauche pour laquelle il leur semble qu’il n’a pas été élu.

Au PS aussi, l’émoi est grand. Strauss-Kahn, Lang et Fabius quittent le Bureau national. Celui-ci a prévenu que toute personnalité qui choisira de participer à une commission le fera à titre personnel, et sera suspendue des instances du Parti.

Certains socialistes résistent. Sarkozy sollicita en vain Manuel Valls, député d’Évry : aux fastes du pouvoir, il préfère les chemins caillouteux, mais prometteurs, des luttes internes au PS, dont il brigue officieusement la direction. En offrant des postes prestigieux à des éléphants désespérés par la perspective d’une longue traversée du désert, Sarkozy les discrédite aux yeux des militants socialistes qui se sentent abandonnés, et aussi des électeurs. En les ramenant à la lumière du pouvoir, il les grille politiquement. Cela ouvre les hautes sphères du parti à de nouveaux talents jusque-là masqués par les éléphants qui occupaient l’avant-scène depuis les années soixante-dix. La sclérose menace tout parti, comme toute institution. À cela, un remède souverain : la rotation des élites. Plus que jamais, la politique est un spectacle. L’apparition de nouveaux visages ravivera l’intérêt du public.

En siphonnant la génération des dirigeants socialistes « inventée » par Mitterrand, Sarkozy rend service aux jeunes loups du PS. En obligeant celui-ci à se doter d’une nouvelle équipe dirigeante, il le revigore. Il fait comme ces agriculteurs qui incendient une prairie pour qu’elle reverdisse mieux. Pourtant, Sarkozy ne veut pas la résurrection du PS, mais son agonie…

Source : www.les4verites.com

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