mardi 14 août 2007

SARKOZYTE AIGÜE!

Dans son dernier numéro, Le Figaro Magazine nous livrait « en exclusivité » le « plan Clément » contre la "multirécidive". Dans les grandes lignes, il n'y a là rien de plus que ce que Sarkozy répète à longueur de temps. Logique: les deux ministres, nous dit-on, « se sont entendus sur la marche à suivre ». En réalité, c'est Sarkozy qui a pris en main les affaires de la justice, sans rien demander à personne, et sans que le titulaire du portefeuille trouve rien à redire.

L'article se termine par cette phrase hallucinante de Pascal Clément à propos du ministre de l'Intérieur qui s'occupe de tout :« Il est président de l'UMP, il est en campagne, il piétine les plates-bandes de tout le monde. C'est normal. Je ne vais pas me battre avec lui. Mais c'est moi, le Garde, qui mettrai toutes ces mesures en œuvre. »Auparavant avait été cité ce propos de Sarkozy à Clément:« Moi, je fais de la politique, toi, tu me donnes les idées. »

Voilà qui explique l'absence de réactions de Pascal Clément aux empiétements de Sarkozy sur ce qui est censé être son territoire. En fait, le ministre de la Justice accepte d'être d'abord un simple conseiller du super-ministre, puis le secrétaire d'Etat chargé de mettre en œuvre les lois que le super-ministre, chef de la majorité, a fait voter.

Le vrai problème de l'application des peines

Il y a là une nouveauté de taille, qui aboutit à une subversion des institutions. Dans la hiérarchie des fonctions régaliennes, le garde des Sceaux est au-dessus du ministre de l'Intérieur. Mais Jacques Chirac a fait du président de l'UMP un "ministre d'Etat", le plaçant ainsi au-dessus du garde des Sceaux.

Chirac avait dit que si le chef du, parti au pouvoir était ministre, il n'y avait plus de Premier ministre. En effet il n'y a plus de Premier ministre, comme on l'a constaté lorsque Villepin, répliquant à Sarkozy sur l'affaire Crémel, a déclaré que les juges avaient appliqué la loi et que« rien ne saurait mettre en cause l'indépendance de la justice » : c'était une ferme condamnation du propos de Sarkozy sur le juge qui devait « payer» pour avoir remis l'assassin en liberté. Mais ce fut un flop total.

Et l'on voit que non seulement il n'y a plus de Premier ministre, mais qu'il n'y a même plus de ministre de la Justice.

En faisant de Sarkozy un ministre d'Etat (avant même la formation du
gouvernement, donc en violation de la Constitution), Jacques Chirac est l'unique responsable de cette subversion, et des dégâts qu'elle a déjà commencé, à provoquer.

Des dégâts qui, fatalement, affectent aussi le sommet de l'Etat. Ainsi Chirac, saisi sur cette même affaire par le Conseil supérieur de la magistrature, a cru pouvoir s'en tirer par une pirouette. Dans un premier temps, il donne raison aux magistrats inquiets de voir remise en cause l' autorité de la justice, et souligne que l'assassin de Mme Crémel a été remis en liberté« dans le respect de la loi » : donc il condamne Sarkozy. Dans un second temps, il souligne la nécessité d'une réforme de la libération conditionnelle et du traitement de la récidive : donc il donne raison à Sarkozy ... Et le tout, là aussi, fait flop.

Par sa saillie démagogique sur le juge qui« doit payer », Nicolas Sarkozy n'a pas seulement piétiné des plates-bandes, il a fait la preuve de son incompétence. Il y avait trois magistrats,et le parquet n'a pas fait appel : cela fait beaucoup de juges qui devraient "payer", et qu'on ne peut pas faire payer, puisqu'ils ont appliqué la loi.

Comme le souligne Marine Le Pen, Sarkozy est hors sujet : ce n'est pas tel ou tel magistrat qu'il faut condamner, mais la politique d'application des peines,« un système en faillite qui permet à des juges de défaire ce que d'autres ont fait, d'abolir de fait la perpétuité et qui contribue à ce titre à la mise en danger de nos compatriotes ».

La justice est publique, rendue au nom du peuple français, et aux assises par un jury populaire. Mais sa décision n'est pas respectée. Les médias nous apprennent que tel assassin est condamné à la prison à perpétuité. C'est déjà un mensonge. La perpétuité ne durera pas plus de 22 ans. Ensuite, des magistrats vont s'employer, dans l'ombre, à réduire la peine, et sans que personne ne le sache, vont finir par libérer le criminel au bout de 15 ans (préventive comprise). Sans aucun "suivi", par manque de moyens.

Tel est le scandale. Et ce n'est pas en adjoignant aux magistrats, dans leur cabinet feutré, un représentant d'une association de victimes, comme le propose Sarkozy, qu'on y mettra fin. Dans les affaires d'assises, toute éventuelle remise de peine doit être décidée en public par des jurés, car seul le peuple français peut revenir sur ce qui a été décidé par le peuple français. Et ensuite aucune libération conditionnelle ne devrait avoir lieu sans des garanties précises d'un suivi effectif.

Et, même si ce n'est pas politiquement correct, on ne peut passer sous silence que la peine de mort était un moyen efficace d'empêcher la récidive, et que la suppression de cette clef de voûte de la hiérarchie des peines a gravement perturbé tout le dispositif judiciaire.

La vraie politique de Sarkozy

Ce qui est le plus grave est que Nicolas Sarkozy n'a aucunement l'intention d'agir dans le sens qu'il prétend. Sa stratégie est purement politicienne, elle est d'occuper le terrain avec des provocations démagogiques' soigneusement étudiées, ne reculant devant aucune caricature "sécuritaire" pour tenter de récupérer les électeurs du Front national.

On l'a vu à Perpignan comme à La Courneuve. Lors de son premier passage Place Beauvau, il nous avait déjà fait le coup des voyous qu'il allait mettre en prison, des quartiers qu'il allait nettoyer et des médiatiques opérations de CRS dans les caves. Souvenez-vous de l'Ousse-des-Bois, à Pau, le 30 septembre 2003. Rien n'a changé depuis lors.

La vraie politique de Sarkozy, c'est, au profit des délinquants étrangers, la suppression de la prétendue double peine, c'est un nombre de reconduites à la frontière sans rapport avec ce qu'il annonce, c'est l'appel à une forte immigration "légale" , c'est la "discrimination positive", c'est la promotion de l'islam dont il se fait le chef en tirant personnellement les ficelles des élections au CFCM, et c'est l'Europe de la Constitution qui efface la France.

Derrière ses mises en scène "populistes" , Sarkozy dynamite les institutions de la République et promeut une politique profondément antinationale.
Source:
Y. daoudal@fr.oleane.com dans National Hebdo

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