mardi 9 septembre 2008

Commerce extérieur : les fiascos de Sarko

Le gouvernement tablait sur un déficit de 31,7 milliards d'euros seulement dans nos échanges commerciaux l'an dernier (contre 28,238 milliards en 2006) mais la réalité est plus sinistre encore puisque le déficit commercial a battu eu 2007 un nouveau record : plus de 39 milliards d'euros ! Résultat, allègue-t-on en haut lieu, de l'euro fort et du ralentissement des exportations industrielles, notamment automobiles. Certes, mais pourquoi l'Allemagne, membre elle aussi de la zone euro, s'attend-elle au contraire à un excédent record, proche de 200 milliards d'euros ? Et pourquoi l'Italie, autre pays de l'Euroland , a-t-elle réussi sur un an, malgré son instabilité politique, à réduire son déficit de 28 à 10 milliards d'euros seulement ?
DES VOYAGES SABOTÉS
Evidemment en cause : le « problème de compétitivité » de la France et son manque de dynamisme comme le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, Hervé Novelli, a été obligé de le reconnaître le 7 février, encore qu'en usant de périphrases: « C'est la dégradation du solde industriel hors énergie qui explique pour une large part la dégradation du déficit commercial ... Sur la dizaine de milliards d'euros de dégradation entre 2006 et 2007, plus de neuf viennent de l'automobile et des biens intermédiaires. » Seul, en effet, le secteur agro-alimentaire tire son épingle du jeu, avec un excédent record de l'ordre de 9 milliards d'euros.
Depuis des années, le candidat Sarkozy - ministre des Finances en 2004 - critiquait la pusillanimité et le caractère brouillon des initiatives en matière de commerce extérieur et annonçait que, lui élu, on verrait le changement. Certes, dans un tel domaine, un changement de politique se constate à long terme mais les sept mois de présidence Sarkozy n'auront nullement amélioré la situation en 2007. Année pendant laquelle la France, jusque-là troisième fournisseur de la Hongrie, par exemple, est passée à la cinquième place. Comment expliquer un tel recul alors que l'actuel président de la République est, à l'époque contemporaine, le premier Magyar porté au pouvoir hors de ses frontières ?
A l'évidence, Sarkozy de Nagy-Bocza n'a pas su exploiter cet avantage inestimable (mais il lui aurait fallu pour cela passer ses vacances sur les bords du lac Balaton au lieu de filer aux States pour y parader avec la jet-set de Wolfeboro), de même qu'il a littéralement saboté ses déplacements en Inde puis en Roumanie.
Réduit de quatre jours à 37 heures, son voyage à New Delhi - où le programme préparé de longue date a été sabré par le visiteur - a ainsi profondément déçu et surtout vexé les Indiens, qui, par représailles, n'ont signé aucun contrat, préférant s'adresser à Berlin et à Rome pour la modernisation de ce pays continent, peuplé de 1,2 milliard d'habitants et où tant reste à faire. Et Sarkozy a osé imputer à notre ambassadeur en Inde, M. Bonnefond, la responsabilité de cet échec !
PAS DE MINISTRE MAIS LE PÈRE DE LA MARIÉE
Même fiasco à Bucarest où le président. qui devait rester deux jours, a passé quatre heures à peine, au motif qu'il était très pris par la préparation de la présidence française de l'Union européenne ... au second semestre ! Un prétexte qui n'a évidemment trompé personne. Et qui a été d'autant plus mal pris par les Roumains, naturellement susceptibles, qu'une méfiance séculaire les dresse contre les Hongrois - ce qu'est pour eux Sarkôzy, au moins par le nom.
Preuve d'ailleurs qu'il n'attachait aucune importance à cette escale, il ne s'était fait accompagner que de six personnes, dont un seul ministre ou plutôt un simple secrétaire d'Etat (aux Affaires européennes), Jean-Pierre Jouyet.
En revanche, et cela a plongé dans la stupéfaction aussi bien les dirigeants roumains que les journalistes français, le président était escorté de l'Italo-Brésilien Maurizio Rommert, le père biologique de sa nouvelle épouse Carla Bruni Tedeschi, dont il a exigé la présence lors des cérémonies et sur les photos officielles.
Le Turinois Rommert aurait-il des racines roumano-bessarabiennes comme Aron Chouganov alias Ciganer, le défunt père de Cécilia ? Ce magnat du BTP carioca avait-il convaincu son gendre de l' introduire auprès des décideurs économiques roumains ?
Si tel était le cas, on aurait préféré que le chef de l'Etat roulât pour la France plutôt que pour son beau-père. Et l'on espère surtout que la prochaine fois qu'il se déplacera à l'étranger, il mettra plus de cœur à défendre le pays qui l'a élu après avoir accueilli et naturalisé ses parents.
Jacques LANGLOIS. Rivarol du 15 février 2008

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