lundi 29 septembre 2008

Face à la crise et à la récession, réduire le train de vie de l'Etat

Au lendemain de la faillite le 15 septembre de l'une des principales banques d'affaires américaines, Lehman Brothers, la troisième en six mois, qui a vu Wall Street et les différentes bourses européennes accuser le coup, le directeur du Fonds monétaire international s'est montré alarmiste. Parlant d'une crise financière «jamais vue» car elle est partie du « cœur du système », les Etats-Unis, et a touché le monde entier, Dominique Strauss-Kahn prévoit un ralentissement de « toute l'économie mondiale d'un demi-point à deux points » de croissance, y compris en Chine et dans les pays européens.
C'est dire à quel point paraissent dérisoires désormais les promesses de campagne de Sarkozy : avec lui, plastronnait-il, la croissance de l'économie française redémarrerait. A peine élu à l'Elysée, il se rendait d'ailleurs à l'université d'été du MEDEF, une première pour un chef de l'Etat, proclamant qu'il irait « chercher avec les dents » le point de croissance qui manquait au dynamisme et à la compétitivité de notre économie. Nous en sommes bien loin et, avant même la faillite de Lehman Brothers, le Premier ministre avait reconnu qu'il n'était même pas sûr que le Produit intérieur brut progresse de 1 % cette année, car « nous sommes frappés par une décélération de l'économie mondiale qui est très, très sérieuse ». En effet, selon une première estimation de l'Insee, le PIB de la France a reculé de 0,3 % au deuxième trimestre 2008. A ce stade, l'acquis de croissance - la progression que l'économie française est sûre d'atteindre si la croissance est nulle pour le reste de l'année - est de 0,9%.
UNE CROISSANCE QUASIMENT NULLE
De la même manière, compte tenu de la crise mondiale, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques a fortement revu à la baisse sa prévision de croissance 2008 pour la France, à 1 % contre 1,8 % auparavant, dans ses perspectives économiques intérimaires. Pis encore, l'OCDE ne prévoit pas de « rebond faramineux » dès le troisième trimestre, et s'attend à ce que la France « croisse très peu pendant les deux prochains trimestres ».
Une situation évidemment désastreuse pour les finances publiques, le budget 2008 ayant été bâti voici près d'un an sur une hypothèse de croissance de 2,25 %. La croissance en berne rejaillit en effet sur les rentrées fiscales. Le ministre du Budget, Eric Woerth, avait déjà prévenu que le ralentissement économique entraînerait une perte de 3 à 5 milliards d'euros par rapport aux recettes escomptées. Le chiffre sera certainement beaucoup plus élevé. Or le gouvernement a cruellement besoin de ces recettes fiscales pour contenir le déficit public (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) qu'il s'est engagé à ramener à 2,5 % du PIB cette année. « Nous faisons tout ce que nous pouvons ( ... ) Je ne peux pas imaginer que la France dépasse à nouveau la barre des 3 % du PIB » autorisée par Bruxelles, confesse de manière assez peu rassurante Christine Lagarde dans un entretien à La Tribune. Quant au rapporteur de la commission des Finances du Sénat, l'UMP Philippe Marini, il n'exclut pas qu'en cas de croissance inférieure à 1,7 %, ce qui est d'ores et déjà acquis, « le déficit public atteigne, voire dépasse spontanément le seuil des 3 points de PIB », ce qui entraînerait des sanctions automatiques de la part de la commission de Bruxelles pour non-respect des critères de Maastricht. Un comble alors même que la France préside ce semestre l'Union européenne et que Sarkozy n'aime rien tant que se pavaner en faisant volontiers la leçon à tout un chacun et en étant souvent goujat avec les dirigeants étrangers.
UNE SÉRIEUSE CRISE ECONOMIQUE ET SOCIALE
Un minimum d'humilité et de discrétion serait bienvenu alors même que la récession menace la France et l'Europe. Selon l'OCDE, malgré la crise financière née outre-Atlantique, le Vieux Continent est plus proche de la récession que les Etats-Unis qui ont bénéficié des bons chiffres de leur commerce extérieur stimulé par l'abaissement du dollar alors que la zone euro était handicapée par le haut niveau de sa monnaie. Dans l'ensemble, le G7 (Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon, Canada) va continuer à traverser une « phase de faiblesse de l'activité jusqu'à la fin de cette année », pronostique l'OCDE qui considère que « la tempête sur les marchés de capitaux, le repli des marchés immobiliers et la cherté des matières premières continuent de peser sur la croissance mondiale ».
En France tous les voyants sont au rouge : les chefs d'entreprise sont inquiets, les ménages désertent les magasins ; les exportations ralentissent, le marché de l'immobilier accuse un sérieux coup de frein, la dette est officiellement proche de 1 250 milliards d'euros (en réalité plus de 2 000 milliards avec les retraites des secteurs publics et semi-publics) et, en partie indexée, ne cesse de s'accroître, les déficits annuels sont proches des 50 milliards tandis que la confiance des Français dans la solidité de leur banque tend à s'étioler. Pour BNP Paribas, l'économie française paraît être « clairement entrée dans une phase de récession, conséquence logique non seulement d'une crise économique profonde au plan international, mais aussi de handicaps structurels spécifiquement nationaux ». Au reste, les experts sont encore plus pessimistes pour l'année 2009. Le Centre de prévision de L'Expansion anticipe ainsi une progression du PIB de seulement 0,5 %.
DE NOUVELLES PONCTIONS DES MÉNAGES
Pendant sa campagne présidentielle Sarkozy s'était engagé à redonner de l'oxygène à l'économie française en baissant notamment les prélèvements. Or rien de tel n'a été engagé. Le fameux bouclier fiscal voté à l'été 2007 ne change pas substantiellement la situation des contribuables et, contrairement au socialiste Zapatero en Espagne, Sarkozy s'est bien gardé de supprimer l'ISF qui fait fuir les investisseurs et appauvrit les Français qui ont encore quelque bien. Dès que Christine Lagarde a proposé d'alléger l'ISF, François Fillon a aussitôt refermé le débat en disant que ce n'était pas à l'ordre du jour. Or du fait de la flambée de l'immobilier (même si aujourd'hui les prix des terrains, maisons et appartements commencent à se stabiliser voire à baisser très légèrement mais pas partout, tant s'en faut), beaucoup de Français se retrouvent assujettis à l'ISF alors qu'ils n'ont aucune fortune personnelle. Et la décision de Sarkozy d'augmenter l'imposition des revenus dits du capital (assurance-vie, loyers, intérêts, dividendes d'actions) pour financer le revenu de solidarité active (RSA) de Martin Hirsch, une mesure démagogique empruntée à la gauche et qui favorisera d'abord les immigrés , va encore appauvrir les classes moyennes qui toute leur vie avaient fait l'effort d'épargner.
Soit dit en passant, cette création du RSA, mesure plus politique que sociale, prouve que Sarkozy est bien décidé à briguer un second mandat en cherchant à séduire la gauche après avoir siphonné l'électorat du Front national. « L'objectif était clairement de brouiller les pistes, de poursuivre la logique d'ouverture, même si cela doit se faire au prix d'une déstabilisation de sa propre majorité et du patronat », confie d'ailleurs au Monde l'un des ministres du "G7" élyséen.
Ce qui est sûr, c'est que le financement de ce gadget va ponctionner encore davantage les Français dont le pouvoir d'achat ne cesse de baisser. Si l'on veut dire les choses plus crûment, nos compatriotes s'appauvrissent, leur niveau de vie diminue. La situation présente peut se résumer en une seule phrase : les salaires et pensions stagnent alors que tout augmente : l'essence, le prix de l'alimentation, des fruits et légumes en passant par le pain, les viennoiseries, les produits laitiers et toute autre denrée. Lorsque l'on fait ses courses au supermarché, là où naguère avec 400 francs l'on faisait le plein du chariot, 150 euros (1 000 francs) y suffisent à peine. Et chacun sait qu'aller au restaurant, partir en vacances, même pour un court séjour et une destination proche, représentent un coût de plus en plus exorbitant.
A QUAND L'ETAT AU PAIN SEC ?
Or il est faux de dire qu'il n'y a rien à faire pour améliorer la situation des gens. La première urgence serait de réduire le train de vie de l'Etat en faisant une chasse impitoyable à tous les gaspillages. Hervé Novelli, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, assure « impossible de compresser davantage les dépenses », ce qui est ahurissant. Comme nous l'avons souvent dit, il y a bien sûr les sommes colossales induites par, la politique dite de la Ville, l'Aide médicale d'Etat (AME) réservée aux clandestins, une politique d'immigration laxiste. Mais au delà il y a toutes les dépenses faramineuses faites par les princes qui nous gouvernent. Le mensuel Capital (n° 202) a consacré cet été un très intéressant dossier aux innombrables gaspillages au sommet de l'Etat, dans les collectivités locales et les organismes sociaux. La conclusion est accablante : « Maintenant que se lève un coin du voile (la Cour des comptes va désormais ausculter le budget de l'Elysée et celui de l'Assemblée), on constate à quel point nos élus sont adeptes du "faites ce que je dis, mais pas ce que je fais", L'administration est sommée de se réorganiser pour économiser 8 milliards d'euros avant la fin du quinquennat, mais ceux qui lancent ces réformes et les votent semblent s'exclure de l'effort collectif. La gestion pour le moins dilettante du budget de l'Elysée comme les privilèges des députés (retraites en béton et distribution discrétionnaire de subventions) contredisent la rigueur affichée. »
Quelques exemples parmi tant d'autres des privilèges exorbitants de leur République : dans sa lutte contre les régimes spéciaux de retraite, la majorité parlementaire s'est bien gardée de toucher au sien. Au contraire, elle l'a rendu encore plus avantageux. Désormais, un seul mandat de député de cinq ans ouvre droit à une pension de 1550 euros par mois, l'équivalent de ce que perçoit en moyenne un salarié du privé au terme d'une carrière complète. Et, avec 22,5 ans de cotisations, un élu s'assure 6 200 euros par mois, soit 89 % de son indemnité parlementaire ! Un taux de recouvrement à faire mourir de jalousie les cadres du privé qui perçoivent 50 % de leur dernier salaire après quarante ans d'effort. Et que dire de la présidence du Sénat qui dépense chaque année 2,5 millions d'euros ? De quoi employer une vingtaine de domestiques dans deux appartements de fonction somptueux, mais aussi garnir sa cave de grands crus (8 500 bouteilles), financer moult réceptions, dîners et cocktails (600 000 euros de frais de bouche par an) et visiter le pays (350 000 euros de voyages). Les contribuables prennent en charge les 25 conseillers et 17 secrétaires du frère Christian Poncelet, les 15 Peugeot 607 de fonction et l'indemnité présidentielle de 180 000 euros par an.
LA FRANCE IMPLOSE, LE BUDGET DE L'ELYSEE EXPLOSE
Le budget de l'Elysée suit la même courbe : Chirac l'avait déjà fortement augmenté, il a explosé sous Sarkozy. Le budget 2008 va ainsi dépasser les 100 millions d'euros contre 35 en 2007. Par ailleurs, l'Elysée et Matignon vont voler dans des jets flambant neuf puisque la flotte aérienne gouvernementale va être totalement renouvelée avec des Airbus 330 dont l'un sera aussi bien équipé que le fameux Air Force One du président des Etats-Unis. Et comme si cela ne suffisait pas, le chef de l'Etat s'offre une "Sarkomobile" blindée de 150 000 euros avec sièges en cuir, ordinateur et équipement de communication dernier cri. Alors même que Chirac avait fait acheter il y a seulement trois ans une Citroën C6 blindée toujours en parfait état. Pour Sarkozy et ses amis, les efforts et la rigueur, c'est bon pour les autres ...
Peut-on être plus cynique ?
Jérôme BOURBON. Rivarol du 19 septembre 2008

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