samedi 6 septembre 2008

Sarkozy, valet de la Maison-Blanche


L'installation d'une base militaire française permanente aux Émirats arabes unis traduit l'alignement de la diplomatie française sur la « pax americana » imposée par la Maison-Blanche au Proche-Orient.
Officiellement et selon le ministre de la Défense Hervé Morin, l'accord conclu par Nicolas Sarkozy et les autorités émiraties va offrir à la France une position stratégique sur le détroit d'Ormuz à quelques kilomètres des côtes iraniennes.
Dans la chasse gardée américaine qu'est devenue cette région du monde, tout accord à vocation militaire ne peut être obtenu sans l'aval de la Maison-Blanche. La base interarmées permanente, qui devrait compter 400 à 500 hommes et être opérationnelle courant 2009, servira avant tout les intérêts géostratégiques américains et notamment la surveillance du détroit d'Ormuz, par lequel transite la majeure partie du trafic pétrolier mondial.
C'est une implication supplémentaire et dangereuse de la diplomatie française dans la stratégie de tension menée par les États-Unis à l'encontre de l'Iran.
L'accord signé par Nicolas Sarkozy s'inscrit dans une politique plus large d'alignement désormais systématique de la politique étrangère française sur la diplomatie américaine. Il fait en effet suite au déplacement, fin août 2007, du ministre socialiste des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à Bagdad, chaudement salué par Washington, aux velléités de rapprochement avec l'Otan, et au revirement du président français sur le dossier afghan. En effet, alors candidat, Nicolas Sarkozy avait déclaré que les soldats français n'avaient pas vocation à rester indéfiniment en Afghanistan, avant de se raviser une fois élu, en avalisant le redéploiement des avions militaires français dans le Sud afghan, en renforçant la présence militaire française sur le terrain, et en affirmant mi-novembre que la France « restera engagée militairement en Afghanistan aussi longtemps qu'il le faudra ».
Mais c'est bien sur le dossier iranien que la diplomatie française a définitivement abandonné toute indépendance de vue. Fin septembre, Bernard Kouchner évoquait la possibilité d'un conflit avec la puissance persane alors même que le directeur général de l'énergie atomique (AIEA), Mohammed Elbaradei, réaffirmait que la menace nucléaire iranienne était surévaluée et qu'il n'y avait pas de « danger clair concernant le programme nucléaire iranien ».
Des propos ignorés par Nicolas Sarkozy qui, emboîtant le pas à Washington et à Israël, appelait en octobre à l'adoption de « sanctions croissantes contre l'Iran ».
Si la menace n'est pas réelle, comme l'a confirmé le 3 décembre un rapport des services de renseignements américains relevant (tout comme ce fut le cas en Irak) « l'absence de preuves concrètes d'un programme de fabrication d'armes nucléaires, sur la base des inspections », la marche vers la guerre n'en continue pas moins. Avec la complicité de la diplomatie sarkozienne.
Éric Domard Français d'Abord ! janvier 2008

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