mardi 11 novembre 2008

54 clandestins expulsés par charter : la fermeté selon Sarkozy ...

Pour la majorité chiraquienne, c'est la démonstration éclatante de la volonté du ministre de l'Intérieur de « lutter fermement contre l'immigration clandestine », Une goutte d'eau dans un océan migratoire quand il arrive chaque jour 70 clandestins à Roissy.
Nicolas Sarkozy fait ce qu'il dit mais quand ce qu'il dit relève de la gesticulation électoraliste aux effets insignifiants, sa « politique de fermeté » trouve toutes ses limites. L'expulsion très médiatisée de 54 Africains (dont celle de 30 Ivoiriens s'apparente à une mesure de représailles contre le régime du président Gbagbo jugé pas assez malléable au diktat chiraquien) renvoie à l'épisode du charter des 101 Maliens expulsés il y a quelques années par Charles Pasqua. Dans les deux cas, le gouvernement entendait démontrer son intention de tenir ses engagements électoraux. Dans les deux cas, cette politique de reconduite à la frontière n'a pas connu de suite. Intenable pour un président et un gouvernement qui savent à qui ils doivent leur élection, le retour groupé de clandestins se heurte à la réprobation hystérique des associations subversives, les mêmes qui ont soutenu Jacques Chirac à bout de bras entre les deux tours de l'élection présidentielle.
C'est ce « pacte républicain » liant le locataire de l'Élysée au lobby immigré qui interdit toute approche efficace de la question de l'immigration et qui doit passer par « des expulsions massives » (Bruno Gollnisch). Nicolas Sarkozy, qui au détour d'un commentaire sur l'immigration avouait récemment « on ne maîtrise plus rien », sait pertinemment que ses marges de manœuvre sont pour le moins réduites et que sa «fermeté» d'apparence ne résistera pas à la rhétorique de la « France pour tous ». On ne touche d'ailleurs pas aux milliers de clandestins qui défilent régulièrement en toute impunité dans les rues de France pour réclamer leur régularisation mais aux clandestins débarquant à Roissy. C'est-à-dire à l'infime surface émergée de l'iceberg. Et pour ne pas provoquer un peu plus les associations de défense des clandestins, le ministère de l'Intérieur prend la peine de préciser que cette opération vise à désengorger les zones d'attente de Roissy et ne s'inscrit pas dans le cadre d'une politique de reconduite à la frontière des dizaines de milliers de clandestins déboutés de leur demande et qui auraient dû depuis longtemps être expulsés.
Des clandestins qui, encouragés par la pusillanimité gouvernementale, refusent en grande majorité d'embarquer (un couple de Tchétchènes et un Marocain se sont opposés à leur expulsion à Roissy) rendant impossible et politiquement suicidaire (pour un gouvernement qui vient de durcir l'arsenal juridique «antiraciste») l'affrètement de charters. Resteront ces opérations médiatiques en forme de poudre aux yeux que le gouvernement mènera en catimini pour mieux gruger la « France d'en bas ». Signe illusoire de la «fermeté» selon Nicolas Sarkozy.
Éric Domard FDA avril 2003

Aucun commentaire: