vendredi 7 novembre 2008

Mali : Quand Sarkozy se renie

La venue en France, il y a quelques mois, du président malien, Amadou Toumani Touré, avait été l'occasion pour Nicolas Sarkozy de soulever le problème posé par l'immigration clandestine originaire de ce pays et de s'engager à mieux la maîtriser. Le récent déplacement du ministre de l'Intérieur à Bamako, la capitale malienne, pour évoquer ce dossier a tourné au fiasco.
Montreuil en Seine-Saint-Denis restera bien la première ville malienne de France. Les milliers de Maliens clandestins qui viennent y rejoindre leurs compatriotes déjà sur place avaient craint un instant que les discours de Nicolas Sarkozy sur la « nécessité de lutter contre l'immigration clandestine » seraient suivis d'effet. Face au président malien en visite en France, le ministre de l'Intérieur avait déjà essuyé un camouflet, affirmant précipitamment que ce dernier s'était engagé à aborder la question. Propos immédiatement démentis par l'intéressé, qui avait peu apprécié qu' on lui force la main et l'avait sèchement fait savoir à Nicolas Sarkozy. Les Maliens comme tous les autres étrangers sont chez nous chez eux pour reprendre la formule mitterrandienne et dans la « France pour tous » de Jacques Chirac, il ne saurait être question d'envisager une quelconque politique d'inversion des flux migratoires ni même espérer traiter d'un sujet déclaré tabou.
Sarkozy échoue
Ce que n'ont pas manqué de rappeler les autorités maliennes à Sarkozy en déplacement à Bamako. « Nous n'avons pas parlé d'immigration », a lâché laconiquement Souleymane Didibé, le ministre de l'Intérieur malien aux journalistes avant que son homologue français, concède « ce qui compte, c'est d'avancer concrètement, pas de faire des déclarations intempestives » ni même d'engager des mesures coercitives que la nébuleuse immigrationniste qui a massivement soutenu Jacques Chirac au deuxième tour de l'élection présidentielle n'accepterait pas.
Les Maliens clandestins (qui ont doublement violé la loi en entrant illégalement sur le territoire et en y vivant clandestinement) ne seront donc pas reconduits à la frontière comme la loi le stipule mais simplement invités à quitter le territoire français. Avec à la clé une importante somme d'argent (3600 à 7000 euros octroyés au titre de l'aide au retour) qui ferait rêver le personnel de la compagnie Air Lib, placée en liquidation judiciaire ou les salariés de Metaleurop récemment licenciés !
Un compromis satisfaisant pleinement le ministre de l'Intérieur qui estime possible d'arriver à « 500 retours volontaires ou aidés ». Quand on sait qu'il entre sur le territoire quelque 100 000 clandestins tous les ans, on mesure le caractère dérisoire d'une telle mesure. Sans compter que, selon l'Office des migrations internationales, depuis 1998, seuls 321 Maliens (dont 46 en 2002) ont souhaité bénéficier d'un programme au retour. En 2002, sur les 650 reconduites à la frontière frappant des Maliens, à peine 213 ont été exécutées. Des chiffres qui traduisent s'il en était besoin le manque de volonté de Nicolas Sarkozy de juguler l'immigration malienne qu'elle soit légale ou clandestine.
Éric Domard FDA mars 2003

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