dimanche 2 novembre 2008

La faillite du capitalisme financier

Il existe en économie comme ailleurs une grande part de métaphysique puisque certains croient à la régulation du marché comme d'autres croient en Dieu. L'économie définit aussi le bien et le mal, le mal étant pour les libéraux l'intervention de l'Etat, le bien étant sa non intervention. Pour les keynésiens et les marxistes c'est l'inverse. La différence entre les marxistes et les keynésiens étant que les premiers souhaitent que le capitalisme meure alors que les seconds font intervenir l'état pour justement qu'il ne meure pas.
En tout cas, on peut dire que cette crise est une victoire pour les keynésiens qui n'ont jamais cru à l'auto régulation du capitalisme ou du marché.
La finance est devenue complètement folle et déconnectée de la sphère réelle. Les traders et les spéculateurs ne songent qu'à créer de la monnaie à partir de la monnaie pour eux-mêmes sans créer le moindre bien ou service. Il faut arrêter d'admirer béatement les traders et les spéculateurs et les prendre pour ce qu'ils sont: des parasites du système économique. La société paie des écoles prestigieuses pour leur formation et cela ne sert qu'à leur enrichissement personnel sans contrepartie.
Le capitalisme financier où pratiquement tout va aux actionnaires et aux dirigeants a montré ses limites.
La finance n'est agissante sur la sphère réelle que pour produire des délocalisations et des licenciements. Les salariés qui sont de très loin les agents économiques les plus nombreux vont fatalement demander aux politiques un changement du cadre institutionnel du capitalisme actuel.
Les propositions de Ségolène Royal qui veut interdire les délocalisations et les licenciements montrent que la gauche ne veut pas se laisser déborder par l'extrême gauche. On assiste à une surenchère électorale venant de ces deux courants.
Sarkozy comme à ses habitudes joue une partition cynique absolue. Après avoir été le chantre du néo-libéralisme le plus achevé, il trouve maintenant des vertus à l'état. Sa carrière politique n'a été jalonnée que de courbettes aux représentants du capitalisme financier. En bon démagogue, il a claironné qu'il fallait sanctionner les coupables alors que la crise n'est que l'aboutissement ultime de la logique du capitalisme financier dont il a été un des acteurs politiques. Enfin, passons.
Il faut complètement redéfinir les règles financières. Sortir des 15% (ROE) de retour sur les capitaux propres.
L'Etat doit contrôler les institutions financières. Revenir à cette définition hégélienne de l'état au service de l'intérêt collectif. Les propositions de Ségolène Royal (interdiction des délocalisations et des licenciements) qui semblent de nos jours excessives finiront par s'imposer si la masse des salariés exclus de l'économie devient trop importante.
Toute crise économique a des répercussions électorales. L'Europe de Bruxelles qui avait accepté les normes comptables d'inspiration anglo-saxonne montre à quel point la construction européenne n'a servi qu'à accélérer la mondialisation et à mettre en place le néolibéralisme et toutes ses dérives.
Il faut redéfinir le partage actionnaires-salariés-investissement.
Le protectionnisme qui fait tant peur à certains (surtout les financiers) peut s'envisager à condition qu'il soit intelligent (comme en Chine). Le nationalisme économique a ses vertus pour le développement d'un pays, la Chine et la Russie en étant les parfaits exemples. Cela peut être le moteur d'une réelle politique industrielle qui stoppera la désindustrialisation de notre pays. L'économie doit être au service de l'ensemble d'un peuple et non au service de quelques-uns. On assiste à une paupérisation des classes moyennes qui sont pourtant le socle d'un pays.
La crise financière n'est que la conséquence des délocalisations industrielles et autres. Lorsque la croissance devient faible ou quasi-nulle, les ménages ont de grandes difficultés à rembourser leurs emprunts. La crise financière est une crise de la mondialisation. Les fanatiques du libéralisme voulaient faire inscrire dans la constitution l'interdiction des déficits budgétaires (c'était la première fois qu'on voulait mettre dans la constitution une théorie économique parmi d'autres).
Les libéraux au pouvoir sont maintenant les premiers à organiser un déficit public gigantesque pour sauver le libéralisme! La question qui se pose à certains, la France a-t-elle intérêt à sortir de l'Europe et de ses règles non libérales. On le fait déjà en partie lorsqu'on met actuellement de côté les critères de Maastricht. Il est amusant de constater que Sarkozy qui voulait à tout prix faire passer le traité d'Amsterdam remet en question le traité de Maastricht.
Entre le communisme et le néo-libéralisme, il n'y a pas rien, le néo-libéralisme n'étant que la dictature des financiers.
Patrice GROS-SUAUDEAU STATISTICIEN-ECONOMISTE

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