vendredi 8 juin 2007

Les débuts politiques du petit Nicolas

Déjà Naboléon perce sous Rastignark

Sa destination : le RPR.
son but : en faire son univers.

Le cauchemar a commencé en 1974...

Le petit Nicolas a 17 ans, il est en terminale. « Un jour, raconte la légende,
Est-ce à dire que descendu à une autre station, il est devenu radical, ou communiste ? Certes non, car le jeune homme à déjà des convictions. Au moins une : il est fait pour les sommets !
D'où son admiration pour De Gaulle qui va moins à l'action qu'au parcours personnel. A défaut de la France, Nicolas semble bien s'être fait dès sa naissance une certaine idée de lui même. D'où aussi son choix de l'UDR : n'a-t-il pas toujours connu ce parti dominant, tout puissant, sous l'ombre tutélaire du général ? C'est donc là qu'il y a les meilleurs places à prendre ! Nicolas Sarkozy entre dans le gaullisme comme une souris dans un gruyère : pour « tout bouffer » y compris les trous. Son parcours sera exemplaire :

1975: à 18 ans à peine, il se fait remarquer par Chirac, qui le catapulte à UJP, et par Peretti qui le prend sous son aile à Neuilly.

1977: conseiller municipal, adjoint au maire, chef du RPR local, il commence à tisser sa toile...

1983: à peine réélu, Peretti meurt sans crier gare. Au terme d'un blitzkrieg de 48 h, Sarkozy se retourne dans son fauteuil ! non sans avoir « niqué »(sic) au passage Pasqua.

1988: décidé à se faire élire député de « sa » ville, il rompt les accords nationaux UDF/RPR et bat la sortante Florence d'Harcourt. Chirac est bluffé...

1990: nommé secrétaire général adjoint du RPR, il investit aussitôt la rue de Lille et déplume méthodiquement Juppé – qui va pleurer dans les jupes de Chirac...
Aujourd'hui, à 36 ans, le jeune loup est déjà un vieux renard. Derrière lui, 18 ans de carrière- et plein de proies dépecées sous le bord de la route. « Quo non ascendam ? » Depuis janvier 1991, Nicolas s'y croit : il fait mesurer régulièrement son « indice de notoriété » par un institut de sondage !

Son prochain objectif, il l'a déjà annoncé : « devenir » ministre... sans passer par la case secrétaire d'état.

D'où lui vient cette volonté de puissance ? Laissons la parole aux analystes du Nouvel Observateur (13 août 1992): « Sa petite taille n'explique pas tout. » Il a aussi une revanche à prendre sur son « enfance déboussolée ». Abandonné par son père, un « nobliau bourgeois » qui a fuit successivement le communisme et le domicile conjugal, il a été « élevé par son grand-père, un juif de Salonique (...) Français de la première génération, un « beur » comme Sarkozy a un pays à séduire : le sien. »
Admettons. Mais quel est son secret pour réussir là où tant d'ambitieux échouent ? Même ses pires ennemis – les gens qui le connaissent le mieux lui reconnaissent au moins une qualité : la capacité de tout sacrifier à son inextinguible soif de pouvoir. Dur à la tâche, il n'hésite pas à faire les travaux dont les (autres) Français ne veulent pas. Il se rend indispensable aux gens dont il a besoin, et sait même se montrer « chaleureux et enjoué » aux moments opportuns malgré un tempérament froid et calculateur. Parfois cependant, le vernis craque et on découvre « un petit tyranneau cssant, colérique, mégalomane », disent ses « amis ».

Question : un tel personnage a-t-il des idées ? Réponse : oui, bien sûr celles qui peuvent lui servir.
Plus jeune que les ex-« rénovateurs », Sarkozy ne les a jamais suivis dans leurs tentatives -avortées- de politique buissonnière. Au contraire, il a toujours « collé aux vieux ». Non par fidélité, mais au terme d'un calcul simple : tant qu'ils tiennent les commandes, autant rester auprès d'eux. Après...

Ainsi, notre héros est-il « chiraquien » parce qu'il espère encore que son cheval gagnera le prochain prix du président de la république ; si ça n'est pas le cas, il n'hésitera pas à enjamber son cadavre pour rejoindre une autre écurie. En 1988 déjà, n'a-t-il pas failli se convertir au barrisme – avant de refaire ses comptes et de se raviser ?
Il s'affirme « profondément libéral »- parce qu'il croit toujours que le clivage passe entre les libéraux et les socialistes.

Il est « farouchement hostile à toute alliance avec le FN » parce que Jacques-a-dit ; sur ce sujet, il n'hésite pas à en rajouter pour faire plaisir à ses amis des médias ; « Le FN, c'est la haine, le FN c'est la violence(sic) ». Il est un « partisan acharné de l'union de l'opposition » parce que, d'après les sondages, ça correspond aux voeux de l'opinion.

Il a prouvé son « indéfectible amitié envers Israël » en se rendant dans ce petit pays courageux en janvier 1991, au moment où il était menacé dans son existence même par les chars gonflables et autres scuds mouillés de Sadam. « C'était un élan du coeur, commente-t-il : on doit être avec ses amis dans les moments les plus dificiles. »

Au total, les « idées » sarkoziennes se résument à deux ou trois figures imposées par l'air du temps – et quelques solidarités pesonnelles.
Pour le reste, les grands débats l'indiffèrent, il le dit lui-même : « Je n'ai pas de convictions inutiles (sic) ». Il se contente d'avoir les idées de son camp – et de fluctuer avec lui.

Prenons l'exemple du référendum : originellement favorable à l'abstention, on l'a vu se transformer successivement en défenseur de la « totale liberté de vote » puis en ouïste forcené, au rythme des changements de stratégie de Chirac. De même, apôtre d'une nouvelle cohabitation il y a encore trois mois, il ne veut plus en entendre parler depuis que son chef s'est prononcé contre. Rassurez-vous : cela ne l'empêchera pas de s'y ruer si l'occasion se présente...

Tâchons de résumer. Plus lucide que Michel Noir, Nicolas Sarkozy sait qu'il n'a pas d'âme : il n'a donc rien à perdre à gagner les élections. Plus franc, il ne cache pas que son seul but est le pouvoir: « Un homme politique sans pouvoir, c'est un chanteur sans micro », explique-t-il ; quant au répertoire, eh bien on improvisera au gré des circonstances...

Sa vision de sa carrière est simple: « Je les boufferai tous ! » Il suffit pour cela de savoir prendre le temps et sauter sur les occasions. Jusqu'à présent, Sarkozy a fait un sans-faute. La petite souris de 74 est devenue un gros rat à l'appétit toujours grandissant. Il voulait un fromage ; il veut maintenant reprendre la crémerie.

« C'est notre François Mitterand ! » dit de lui son ami Patrick Devedjian. De fait, Nicolas et François sont tous deux des animaux politiques à sang froid, aussi torturés par l'ambition qu'ils le sont peu par les scrupules. Des « tueurs », comme on dit dans le milieu (politique).

Reste que, question stratégie, le jeune sauteur ne semble pas tout-à-fait à la hauteur de son prédécesseur de l'Observatoire ; pour accéder au pouvoir, le chiraco-libéralisme modèle 92, ça ne vaut pas l'union de la gauche version 72. « Tuer » c'est bien, mais pas pour voler des sacs vides...

Cela dit, rien n'est perdu : Nicolas n'a que 36 ans – l'âge de François en 52. Alors, Sarkozy président en 2023 ? Ca nous laisse le temps de demander l'asile politique en Corée du Nord...

Xavier Berthelot, Le Choc du Mois, Novembre 1992.


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