dimanche 30 septembre 2007

Le Béria du mois

Entre les deux tours de l'élection présidentielle, Français d'Abord lançait ses " Béria d'or ", décernés aux meilleurs prosélytes du sanguinaire chef de la police politique soviétique (cf. FDA n° 364) Chaque mois la rédaction désigne un pitoyable lauréat.

Nicolas Sarkozy

"Le pire c'est que l'on commence par réfléchir doctement aux arguments ainsi mis en avant en oubliant qu'il s'agit justement de la négation de la première des valeurs républicaines: le mérite individuel qui doit être apprécié en faisant abstraction de l'origine, de la race ou de tout autre élément discriminant". C'était en 2001 à une époque où le très ambitieux ministre de l'Intérieur ne pensait pas à voix haute à l'Élysée. Une époque où il ne fallait pas trop désespérer l'électeur de droite ulcéré par la litanie des désastreuses conséquences de la pression migratoire. Deux ans après, la discrimination positive n'est plus un tabou pour Sarkozy, elle est même _ devenue une nouvelle carotte électorale frénétiquement agitée sous le nez des populations immigrées. Sur le plateau de France 2 lors de l'émission "100 minutes pour convaincre", le ministre de l'Intérieur s'est rallié toute honte bue au concept aujourd'hui battu en brèche outre-Atlantique, là même où il est né. "Il y a des territoires qui ont tellement de handicaps qu'ils doivent bénéficier de traitements dérogatoires pour se développer", plaide le locataire de la place Beauvau, éludant l'inefficacité chronique d'une telle politique sur le rétablissement de la paix civile dans les banlieues. Les jeunes du Val-Fourré où le ministre de Chirac s'est rendu pour démontrer à Jean-Marie Le Pen qu'il n'y avait pas de quartiers interdits en République, n'ont que faire des discours et autres flatteries électoralistes. C'est à coups d'insultes et de jets de projectiles qu'ils ont contraint Sarkozy à repartir la queue entre les jambes. Une gifle qui aurait pu être salvatrice si elle avait enfin fait prendre conscience au petit gesticulateur de la nocivité de la politique d'immigration telle qu'elle est conçue actuellement. Or par un désastreux effet de dépendance, elle ne fait que conforter celui qui rêve d'être Calife à la place du Calife dans ces certitudes cosmopolites. Après l'abolition de la double peine, Sarkozy veut encore aller plus loin, "faire ce que la gauche n'a pas osé faire", en annonçant "la nomination d'un préfet musulman". Cette frénésie communautariste fait froid dans le dos tant elle illustre le double jeu d'un homme dévoré par l'ambition, et qui pour assouvir sa soif de pouvoir, est prêt à tout surtout au pire.

Éric Domard, Français d'Abord, 2003.

samedi 29 septembre 2007

TURQUIE : SARKOZY A MENTI

Les reniements de Nicolas Sarkozy sont déjà nombreux. Mais il s'agit souvent de demi-reniements, de reculs par rapport à ce qu'il avait promis. Plus exactement, on cherche à préserver la forme, en évacuant le fond (par exemple on édicte une peine plancher, mais en laissant aux juges le soin de ne pas l'appliquer). En ce qui concerne la Turquie, le reniement est évident, massif, cynique. De ce fait il peut jouer le rôle de révélateur concernant les autres reniements.
C'est en substance ce qu'a expliqué Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse, en présentant la campagne que lance le Front national sur ce sujet. Avec une affiche au slogan aussi simple qu'explicite :« Turquie: Sarkozy a menti. »Et une pétition nationale, qui s'accompagne d'un texte rappelant les engagements solennels du candidat Sarkozy, et les événements qui viennent les contredire.

Poursuite des négociations et suppression du référendum

Le reniement est en deux parties. La première est la poursuite des négociations d'adhésion. En juin, la France a voté comme les autres Etats membres de l'Union européenne l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation, alors que le candidat Sarkozy avait affirmé à plusieurs reprises que s'il était élu il suspendrait toute négociation.
Le 27 août, devant la conférence des ambassadeurs, il a déclaré qu'il souhaitait l'institution d'un « comité des sages », qui réfléchisse à l'avenir et aux frontières de l'Union, et que si cette réflexion est menée,« la France ne s'opposera pas »à ce que les négociations se poursuivent entre l'Union européenne et la Turquie, à condition que les chapitres ouverts« soient compatibles avec les deux visions possibles de l'avenir de leurs relations: soit l'adhésion, soit une association aussi étroite que possible sans aller jusqu'à l'adhésion. » Il admet donc qu'on puisse aller jusqu'à l'adhésion.
Le 20 septembre, à la télévision, il paraît retrouver ses accents de campagne :« Je ne crois pas que la Turquie ait sa place en Europe », etc. Il faut être très au courant de l'affaire pour porter attention à ce qu'il ajoute : il rappelle qu'il a proposé la mise en place d'un« comité des sages »qui serait chargé de réfléchir, etc. Il ne précise pas que la mise en place de ce comité des sages est justement la prétendue condition pour que se poursuivent les négociations, dont un avenir possible est l'adhésion. Dont le seul avenir, de fait, est l'adhésion, comme on l' a toujours souligné tant à Bruxelles qu'à Ankara.
La deuxième partie du reniement est le processus de révision constitutionnelle, qui a priori n'a aucun rapport avec ce sujet, mais va permettre de supprimer l'article par lequel Jacques Chirac avait rendu obligatoire un référendum pour tout nouvel élargissement.
Marine Le Pen rappelle opportunément la déclaration que Nicolas Sarkozy avait faite à l'époque :« Nous devons être reconnaissants à Jacques Chirac d'avoir proposé dans la réforme constitutionnelle que le référendum soit la règle pour décider si oui ou non la Turquie sera intégrée ou associée. Le président de la République a fait un choix républicain et démocratique. »
Quand on se souvient de ce qu' étaient les rapports entre Sarkozy et Chirac, le compliment était de taille ...
Or voici que Jean-Pierre Jouyet, auditionné par le comité Balladur de réflexion sur les institutions, a suggéré « à titre personnel »la suppression de l'article sur le référendum. Jean-Pierre Jouyet est secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Même quand il prétend s'exprimer à titre personnel, devant une commission créée par le président de la République, il ne prend évidemment pas le contre-pied de ce que pense le Président.
Interrogé sur ce point, Nicolas Sarkozy est resté évasif. Mais Bernard Kouchner a authentifié le message : « Je ne crains pas de révéler ce secret. Je pense que le Président souhaite aussi ça. »
Et lundi, c'est Edouard Balladur lui-même, le président du comité, qui s'est prononcé pour la suppression de l'obligation d'un référendum.
Ce processus de reniement sur la Turquie s'inscrit dans un processus plus vaste, qui est un reniement de ce qui restait de l'indépendance de la politique étrangère de la France.
On sait que les Etats-Unis sont fanatiquement partisans de l'entrée dans l'Union européenne de la Turquie, bastion de l'OTAN au Proche Orient. On a noté la dérive atlantiste de Nicolas Sarkozy, par petites touches. Mais, à l'occasion de son voyage à New York, pour les réunions de l'ONU, ce n'est pas une petite touche qu'il a ajoutée, il a lancé le pavé que l' on craignait et que l'on voyait venir : il veut que la France retourne dans les structures militaires intégrées de l'OTAN, et il y «travaille».
Il le dit pour la première fois clairement, même s'il fait semblant de mettre en avant "deux conditions" présentées comme des obstacles, alors qu'elles sont remplies d'office.
Le retour de la France, dit-il dans une interview au New York Times est une éventualité qui, pour être positivement envisagée, passe par deux préalables qui doivent être levés » .
En premier lieu,« je conditionnerai un mouvement dans les structures intégrées par une avancée de l'Europe de la défense ». Cette« avancée », que Nicolas Sarkozy ne cesse d'appeler de ses vœux, est en fait un objectif de plus en plus appuyé des traités européens, jusqu'au« traité simplifié» qui, dans son quatrième protocole, stipule que les Etats membres s'engagent dans cette voie sous la houlette de l'Agence européenne de défense - et ce même protocole affirme en outre que l'OTAN est le fondement de la défense des Etats membres ...

L'alignement sur les Etats-Unis

La deuxième condition est que ce mouvement« ne pourrait avoir lieu que dans la mesure où une place serait faite dans les instances de direction, au plus haut niveau, pour des représentants de la France ».
Mais il est évident que si la France rejoint les structures militaires intégrées de l'OTAN, les Américains ne seront que trop contents de remercier Sarkozy en faisant nommer dans les instances de direction un général français ... à leur botte.
« C'est sur ces deux axes que nous travaillons », ajoute Sarkozy. Autrement dit : c'est déjà en train de se faire.
On le voyait venir, maintenant c'est certain : Sarkozy a programmé l'alignement de la France sur les Etats-Unis. Dans un communiqué, Jean-Marie Le Pen souligne :« Après les renforts envoyés en Afghanistan, les propos sur l'Iran, et le spectaculaire reniement sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, Nicolas Sarkozy s'affirme ouvertement comme le vassal de George Bush. Et pour enfoncer le clou, il fait cette déclaration aux Etats-Unis. Telle est la seule rupture qu'opère Nicolas Sarkozy : une rupture avec la tradition de la Ve République, avec un principe clef de notre politique étrangère, avec l'indépendance de la France
YD.National Hebdo daoudal@fr.oleane.com

samedi 22 septembre 2007

Sarkozy à Alger: l'abaissement

IMAGE finale et caricaturale à la télévision de l'humiliante visite de Nicolas Sarkozy à Alger les 13 et 14 novembre: il enlace amoureusement Abdelaziz Bouteflika (enfin, Sarko a trouvé plus petit que lui !) après un entretien "amical" de quelques heures. A son tour, Boutef' se fend d'un communiqué sur la France et l'Algérie « condamnées à un avenir commun» et, après avoir avoué qu'il avait été « très malade », se vante d'en être sorti « d'une manière absolument fabuleuse ». Sans en remercier, notons-le, les médecins français du Val-de-Grâce qui sont quand même pour beaucoup dans le "miracle".
Faisons maintenant la synthèse de ce voyage dont Jean-Marie Le Pen s'est à juste titre indigné le 16 novembre sur France 2 en espérant qu'il dessillerait enfin des yeux des naïfs de l'UMP. A Alger, comme en a témoigné la presse locale, Sarkozy a été d'abord accueilli froidement, en raison des propos tenus en octobre 2005 sur les "racailles" de banlieue et la nécessité de les « nettoyer au Kärcher », le quotidien El Watan l' accusant même d'avoir « brouté sur les pâturages nauséabonds de l'extrême droite lepéniste ». Et, ce qui a été moins remarqué, lui reprochant son « soutien actif à l'Etat d'Israël » ...
Il a cependant été traité comme un chef d'Etat puisque, comme Mitterrand et Chirac avant lui, il fut autorisé à déposer une gerbe au monument des "martyrs" surplombant Alger - des "martyrs" qui avaient pu être en même temps des assassins et des bourreaux ... Mais Sarkozy salua leur mémoire avec émotion pour témoigner de sa « façon de respecter les Algériens ». Il y eut ensuite, après sa visite au cimetière français de l'ex-Saint Eugène (fort mal entretenu si l'on en juge par des images furtives sur le petit écran), cette scandaleuse déclaration sur le système colonial "injuste" suivi d'une référence énigmatique à « ces hommes et femmes qui, à côté, quelles que soient leurs origines, ont été victimes de cette injustice ». Colonisateurs et colonisés ainsi mis dans le même sac mais, pour les premiers, à condition de s'humilier et de cracher sur leurs ancêtres même si le président de l'UMP a reconnu que « les fils ne doivent pas payer pour leurs pères ».
A la veille du départ de Sarkozy, le Cercle algérianiste qui, par ses milliers d'adhérents, est la plus importante organisation des rapatriés, l'avait incité dans un communiqué à tenir au président algérien « un langage de vérité» sur le passé français de l'Algérie. Sur le terrain, on a vu les résultats. Loin de demander raison à son interlocuteur de ses propos insultants sur le "génocide" prétendument infligé par la France, Sarkozy a cautionné la vulgate FLN sous prétexte d'éviter « les paroles qui blessent ». Peu nous chaut qu'il n'ait pas été jusqu'à la "repentance", ou qu'il n'ait pas fait état du «traité d'amitié» dont le ministre algérien de l'Intérieur Zerhouni, en recevant son homologue hexagonal, a d'ailleurs précisé que, pour l'instant, il n'intéressait pas son gouvernement. Place à "l' amitie" et à sa « réalité quotidienne» ! Ce qui ne mange pas de pain. Car Sarkozy a accordé aux Algériens l'essentiel soit, comme nous l'annoncions dans notre n° du 10 novembre, l'accélération de la procédure d'obtention des visas. Encore que là-dessus, si l'on en croit Le Canard enchaîné, il y ait eu un os. Les services français (DGSE, DST, RG) s'étaient en effet inquiétés de la possibilité pour des milliers d'islamistes algériens repentis (officiellement) de venir librement en France où ils auraient eu les coudées franches pour reconstituer des réseaux. Averti et pas mécontent de faire un crocen-jambe à son numéro deux, même si, selon Le Nouvel Observateur, le voyage avait été préparé à l'Elysée, Dominique de Villepin lui aurait intimé par téléphone l'ordre de tenir bon sur ce sujet, l'accusant en privé« d'attitude irresponsable, prêt à lâcher sur les visas pour faire un coup politique ». Sarkozy-la-girouette (dixit Le Pen) s'est cependant incliné, les autorités algériennes lui ayant assuré (?) qu'elles nous fourniraient la liste des "indésirables" en France. A noter qu'à Alger, le candidat à la présidentielle a fait à la presse une déclaration de politique intérieure sur la candidature Ségolène Royal qui pour lui serait « tout bénéfice ». Propos indécents dans un pays étranger et de plus hostile. Il est vrai qu'à plusieurs reprises, Chirac avait fait de même. Mais ce n'est pas une excuse.
Le 15 novembre, la presse algérienne enterrait la visite de Sarkozy en minimisant ses résultats avec des commentaires du genre « beaucoup de bruit pour rien ». Sans doute une ruse car le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur a, volontairement ou non fait un pas de plus politiquement et moralement dans l'obéissance aux oukases d'Alger. Le comble, c' est que après certaines informations, Il disposerait dans les milieux dits rapatriés et harkis de petits télégraphistes qui s' activeraient pour lui apporter, lors de la présidentielle, les suffrages des patriotes « au cœur tricolore» comme disait feu le colonel Battesti. Si cela se confirme, nous en reparlerons.
Jean-Paul ANGELLELI. RIVAROL 2006








LE NOUVEAU COUP DE SARKOZY SUR LA TURQUIE

Selon Le Figaro, qui est le seul organe à le rapporter, mais on peut supposer qu'il ne l'invente pas, Jean-Pierre Jouyet, auditionné par la commission Balladur sur les institutions, a suggéré la suppression de l'article 88-5 de la Constitution obligeant de soumettre à référendum tout futur élargissement de l'Union européenne. Le secrétaire d'Etat a souligné s'exprimer à titre personnel. Mais Le Figaro souligne de son côté : « La proposition a été validée à l' Elysée, où l'on rappelle que la suppression de l'article 88- 5 avait été préconisée par le candidat Sarkozy.» (Ah bon ? Quand cela ?)
On se souvient que cet article avait été introduit par Jacques Chirac pour faire croire aux Français qu' ils auraient à se prononcer, le moment venu, sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Si l'on supprime cet article, on supprime donc cette ultime possibilité de refuser la Turquie.
« L'intention de Nicolas Sarkozy de supprimer la procédure du référendum pour tout élargissement européen dont J-P Jouyet s'est fait l'écho devant la Commission Balladur, confirme le reniement cynique du Président de la République sur la Turquie», constate Marine Le Pen dans un communiqué. « Après les manifestations d'intention de renforcer la présence française en Afghanistan ou de réintégrer totalement l'Otan, ce projet de réforme constitutionnelle, absolument injustifiée et antidémocratique, confirme la servilité atlantiste du locataire de l' Elysée.»
National Hebdo


mardi 18 septembre 2007

Service minimum dans les transports: le président a reculé

Comme nous l'avions pronostiqué, Nicolas Sarkozy a calé en route dans sa volonté d'instaurer un service minimum dans les transports publics. Les syndicats ont beau crier à qui veut les entendre que la loi votée par le Parlement cet été «menace gravement le droit de grève», elle est, en réalité, beaucoup moins radicale qu'annoncé. Le texte, ne prévoit, en effet, aucune possibilité de réquisitionner des grévistes. Et on cherchera en vain la mention, pourtant promise par le candidat, d'un maintien du trafic aux heures d'entrée et de sortie de bureau. Notre loi est une bluette comparée à la réglementation allemande: outre-Rhin, la justice peut interdire toute grève des cheminots dès lors qu'elle serait susceptible "d'engendrer un trop grand préjudice économique"
Le recul du gouvernement sur ce dossier clé pourrait avoir des conséquences plus importantes qu'on l'imagine. En l'absence d'un réel service minimum, notamment à la SNCF, Nicolas Sarkozy, qui entend réformer les régimes spéciaux des retraites, risque fort de se trouver dans une situation semblable à celle de 1995. A l'époque, Alain Juppé, qui voulait lui aussi réformer le statut des cheminots, avait dû faire machine arrière après trois semaines de grève qui avaient paralysé la France.
Cette demi-victoire n'empêche pas certains syndicats, CGT en tête, d'annoncer une possible riposte pour septembre, Coupe du monde de rugby ou pas. Ils ne digèrent pas l'obligation faite aux grévistes de se déclarer à leur employeur deux jours avant tout mouvement. Une disposition qu'ils jugent carrément «liberticide».
Anne Rosencher. Capital.

dimanche 16 septembre 2007

PS:MAJORITÉ

Le président n'a pas la baraka, mais il a pris des risques. En dépit de nos engagements européens, il a reporté à 20 12la réduction de nos déficits et de notre endettement. 2012 est la fin de son quinquennat: après moi, le déluge? Il appelle à ses côtés des gens qui récusent les réformes promises à ses électeurs. Contre elles, il a recherché la caution des inventeurs de la Couverture maladie universelle et des mécaniciens de cette machine à diviser son propre électorat qu'est SOS Racisme: Julien Dray et Malek Boutih. Il a même tenté de recruter le communiste Jean-Claude Gayssot, auteur de la loi toujours en vigueur qui doit étendre l'insécurité aux 36000 communes de France. Il confie les affaires de l'Etat à des gens qui tiennent pour vertu la grivèlerie de masse de prétendus "sans-papiers", organisée depuis 1975 par cet ancien étudiant communiste, son prédécesseur J. Chirac. A grand renfort d'allocations financées par nos déficits, budgétaire et social. Jacques Chirac n'est plus à l'Elysée, mais son successeur se hâte d'appeler aux affaires d'autres anciens étudiants communistes: en France avec Bernard Kouchner, auquel il confie nos affaires étrangères; dans le monde avec Dominique Strauss-Kahn, qu'il voudrait installer à la tête du Fonds monétaire international. Tout cela pour corriger son image. Auprès de qui? De la presse de gauche. D'un audiovisuel d'Etat dont François Mitterrand fit le monopole du PS et de l'extrême gauche. Il ne pense jamais à son électorat car il en ambitionne un autre.
Au vu des promesses du candidat qu'il fut et de son engagement de Dijon ("Je ne me livrerai à aucune ouverture politicienne à travers des débauchages "), "l'ouverture" dont le président Sarkozy est si fier à présent constitue un abus de confiance. Croit-il vraiment gagner par là le cœur et le vote des électeurs de gauche? Il travaille en à retourner les appareils. Casant les "éléphants", il isole François Hollande. Cela réjouit les jeunes "lions" du bestiaire socialiste, réunis par Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse, et donne à Manuel Valls, maire d'Evry, l'occasion d'envisager « un bout de chemin avec la majorité ». Pour y retrouver les "éléphants" casés par l'Elysée? «Nous sommes au bout d'un cycle », reconnaît Valls dans Le Figaro du 22 août. « Une grande partie des idées de gauche se sont épuisées. » Vantant « l'autorité républicaine », il dénonce François Hollande qui préfère "attendre le résultat des municipales" de l'an prochain.
En fait, Valls tend la main au président pour cogérer dès à présent « la justice, la lutte contre la criminalité et le dossier de l'immigration» dans l'esprit d'un « vivre ensemble» proche du communautarisme cher au président Sarkozy. C'est une main dont on peut craindre qu'elle ne soit attendue et saisie. Ce ne serait pas de nature à rallier au chef de l'Etat ses électeurs d'hier. Si la parole lui est rendue, les déçus seront nombreux à revenir à la droite nationale. Une moitié des électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle l'a soutenu dans l'espoir de se débarrasser des personnages mêmes qu'il s'efforce, depuis, de rappeler aux affaires. Le nouveau président devra être réellement performant dans le domaine sécuritaire pour espérer retrouver leurs suffrages. Mais il semble en quête d'une majorité bien différente. En cent jours à l'Elysée, quelle dérive!
Bernard Cabanes: monde et vie. 1" septembre 2007 .

jeudi 13 septembre 2007

SARKO LA GAFFE

UN VA-T-EN GUERRE JUCHÉ SUR UN CHEVAL DE BOIS

L' avantage, avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'on n'est jamais déçu, l'homme parvenant sans cesse à repousser les limites de l'imbécillité, de irresponsabilité et de cette vulgarité crasse, devenue chez lui une invraisemblable marque de fabrique.

A la fin du mois d'août, Nicolas Sarkozy prononçait le traditionnel discours de chef de l'Etat, devant la conférence des ambassadeurs. Et, histoire de mettre de l'ambiance, avait déjà commencé à les insulter en coulisses, tel que le rapporte Yasmina Reza, dans son livre, L'aube le soir ou la nuit (Flammarion).
Après avoir lancé devant témoins, un tonitruant « Je me fous des Bretons! », il assurait donc :« Il devient très important de se débarrasser du quai d'Orsay ... J'ai un mépris pour tous ces types, ce sont des lâches ... Quand on est lâche, on ne réfléchit pas.·» Interrogée sur ces propos, Rama Yade, secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères et européennes, n'a pas démenti. Un Président de la République française qui injurie le Quai d'Orsay; c'est du jamais vu.
Mais il est vrai que le bonhomme n'en est pas à son coup d'essai, ayant également innové en crachant sur la politique de la France, lors d'une visite à la Maison blanche.

Le tour d'horizon qu'il dresse ensuite des relations avec le vaste monde est à l'avenant. La Russie?« La Russie impose son retour sur la scène mondiale en jouant avec une certaine brutalité de ses atouts, notamment pétroliers et gaziers, alors que le monde; l'Europe en particulier,espèrent d' elle une contribution importante et positive au règlement des problèmes de notre temps que son statut retrouvé justifie. » Réponse de Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin: «Nous pensons qu'en parlant de "brutalité" à propos de la politique de la Russie, le président Sarkozy a fait preuve d'un peu d'émotivité. Nous pensons que, dans ce cas, le mot de "brutalité" était le reflet d'une langue française très belle et chargée d'émotion. En réalité, nous espérons de la compréhension de la part de nos partenaires européens. Ce n'est pas de la "brutalité", c'est du pragmatisme.» Au fait, qui est-il, pour qui se prend-t-'il, pour oser s'adresser ainsi au peuple russe et à son président, Vladimir Poutine ? Car si la Russie est « brutale »,- en Tchetchénie, par exemple -, l'Amérique ne l'est-elle pas en Afghanistan et partout ailleurs sur la planète? D'ailleurs, parlons de Vladimir Poutine. Et de Nicolas Sarkozy. Le second rend obligatoire la lecture d'une lettre de Guy Moquet, jeune résistant communiste, dans toutes les écoles - quitte à honorer les héros, il aurait été par exemple politiquement plus rassembleur de saluer le premier martyr de la France libre, Honoré d'Estienne d'Orves, fusillé le 29 août 1941. Alors que le premier, lui, a fait revenir sur la sainte terre de Russie la dépouille d'Anton Denikine, général en chef des armées blanches, avec les honneurs dus à un chef d'Etat. Un peu comme si les cendres de Cadoudal avaient été rapatriées au Panthéon. Mais on imagine qu'avec son inculture encyclopédique, "Cadoudal" n'évoque sûrement, chez notre actuel président, que le nom d'une marque de galettes vendéennes.

L 'Iran? L'Iran: « Un Iran doté de l'arme nucléaire est pour moi inacceptable - et je pèse mes mots. » Et le même de « souligner l'entière détermination de la France dans la démarche actuelle alliant sanctions croissantes, mais aussi ouverture si l'Iran fait le choix de respecter ses obligations: Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran ... »
Toujours le même langage de voyou. « File-moi ta montre et je te donnerai l'heure ! » « Donne-moi ton portefeuille ou je te casse la gueule et si je te la casse, ta putain de gueule, c'est que tu l'auras bien cherché! » Il faut remonter à Al Capone ou le président ougandais Idi Amin Dada pour trouver trace de telles rodomontades de petites frappes de trottoir. Du coup, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a beau jeu de répondre: « Il manque encore d'expérience, ce qui veut dire que peut-être il ne comprend pas vraiment le sens de ce qu'il dit. » Il est un fait que ... Car, s'il s'agit d'un benêt, c'est grave ; et s'il comprend ce qu'il dit, ça l'est encore plus. Au fait, qu'Israël, nation singulièrement belliqueuse, puisse posséder l'arme nucléaire depuis plusieurs décennies ne serait-il pas plus inquiétant qu'une hypothétique bombe atomique iranienne, détenue par un pays qui, souvent attaqué, militairement par l'Irak, ou déstabilisé par les géniaux stratèges de la CIA - virer le nationaliste laïc Mossadegh, mettre ensuite à sa place un fantoche, le défunt Shah d'Iran, le lâcher après en faveur d'un ayatollah Khomeiny et chialer dans la foulée parce que la région a perdu de sa stabilité ? Il ne le dit pas et cela ne nous étonne pas.

Après avoir insulté les Perses, pourquoi ne pas faire de même des Arabes? Morceaux choisis ? Allons- y ! « Dans l'immédiat, nos efforts, ceux du Quartet (USA, Union européenne, Russie, (ONU) et des pays arabes modérés, doivent aller à la reconstruction de l'Autorité palestinienne. ( ... ) Que les parties et la communauté internationale se dérobent à nouveau à cette ambition, et la création d'un "Hamastan" dans la Bande de Gaza risque d'apparaître rétrospectivement comme la première étape de la prise de contrôle de tous les territoires palestiniens par les islamistes radicaux. » Une première question s'impose : qui lui écrit ses interventions ? Cauet ? Doc Gynéco ? La baby-sitter de son fils Louis ? Son "Quartet", s'il est composé à la fois des USA, de l'Europe de la Russie et de l'ONU, cela signifie qu'il représente l'ensemble des nations de la planète - elles sont toutes représentées à l'ONU, même Monaco. Alors, pourquoi ce distinguo fait avec les « pays arabes modérés » ? Que signifie, d'ailleurs, le terme de « pays arabe modéré» ? Que ces pays sont modérément arabes ? Décryptons la pensée sarkozyste. Un « Arabe modéré» n'est pas un Arabe dont la mère serait, exemple au hasard, finlandaise. Un « Arabe modéré» est un Arabe dont la souveraineté n'est que modérée; c'està-dire qu'il prend ses ordres à Washington - telle la Jordanie ou l'Egypte - Paris, c'est le cas du Maroc. Soit un Arabe aux ordres, le petit doigt sur la couture de la djellaba. Puis, le «Hamastan ». Pourquoi un tel vocable, chargé de mépris ? Après tout, le Hamas, longtemps aidé par Israël et les USA, afin de faire pièce au nationalisme laïc du Fatah, n' est-il pas sorti vainqueur des dernières élections législatives en Palestine? Nicolas Sarkozy est-il un véritable démocrate ou n'est-il démocrate que lorsque que le lapin sorti du chapeau claque électoral présente l'infini privilège de lui convenir ? Pour finir, s'il évoque ces « Arabes modérés », pourquoi n'en appelle-t-il pas à des « Israéliens modérés» ? Cela doit bien exister quelque part. Non? Si, si, en cherchant bien, en fouillant dans le - concept « d'Israéliens modérés », soit un Juif qui ferait shabbat une semaine sur deux et dont la carte d'identité-nationale ne serait valide que la moitié de l'année. En attendant l'apparition de « catholiques modérés », qui ne croiraient qu'un peu au Christ sauveur et tiendraient, un dimanche par mois, l'Eucharistie pour galéjade. Nicolas Sarkozy, quant à lui, n'occupe que très « modérément» sa fonction.
Béatrice PEREIRE, National Hebdo.






mardi 11 septembre 2007

SARKOZY LE DESTRUCTEUR

(sujet datant de 2005)
Le soir du 21 avril 2002, Lionel Jospin avait déclaré qu'il quittait la scène politique. Or voilà qu'il publie un livre, et aussitôt on parle du retour de Jospin, et de sa possible candidature à la présidentielle 2007. Histoire d'ajouter encore à la confusion ambiante au PS, ou de mettre éventuellement fin au combat des chefs. Alain Juppé, quant à lui, condamné pour les emplois fictifs du RPR, n'avait pas dit qu'il abandonnait la politique. Mais il s'était exilé au Québec. Voici que la secrétaire nationale de l'UMP aux élections, qui plus est député de Gironde, annonce que cet autre ancien Premier ministre (et président de l'UMP) sera candidat aux législatives de 2007 à Bordeaux. S'il revient, il aura évidemment son mot à dire sur la présidentielle, et son retour ne peut qu'être planifié en accord avec l'Elysée ... pour mettre éventuellement hors jeu et Sarkozy et Villepin. Mais Juppé a vigoureusement démenti, sur son blog, qu'il ait annoncé son retour. Car il annoncera lui-même ce qu'il compte faire, le moment venu, or le moment n'est pas venu...
Voilà qui agite les commentateurs et les instituts de sondages. Pendant ce temps, Sarkozy continue de s'agiter tout seul, et de prôner la « rupture » dans tous les domaines (même l'écologie, lors de la convention de l'UMP sur ce sujet). La rupture tous azimuts avec la politique d'un gouvernement dont il est le super-numéro 2...

"Amender" la loi de 1905

Vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a profité du centenaire de la Fédération protestante de France pour s'affirmer une fois de plus contre Chirac et Villepin à propos de la loi de 1905. Le matin même, La Croix annonçait que Sarkozy créait une « commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics », présidée par Jean-Pierre Machelon, professeur de droit public. Dans la lettre de mission qu'il envoyait à l'universitaire, Sarkozy se disait« convaincu de la nécessité d'apporter aujourd'hui un certain nombre d'amendements» à la loi de 1905, et lui demandait de formuler« des propositions opérationnelles ». En clair, Sarkozy poursuit son idée fixe d'une modification de la loi de 1905 au profit de l'islam.
Le fait d'annoncer cela le 21 octobre au matin était une provocation : dans la soirée, Villepin allait faire un discours et lire un message de Jacques Chirac devant les protestants. Naturellement, le président de la République et son Premier ministre ont solennellement réaffirmé leur attachement à la loi de 1905 telle qu'elle est, et Sarkozy a pu quitter le raout protestant pour se rendre à un repas de rupture du jeûne du Ramadan avec à son actif cette nouvelle affirmation de sa différence.
Les commentateurs ont relevé la pique de Jacques Chirac à l'adresse du ministre :« La Fédération protestante de France, avec sa sagesse coutumière, ne demande pas une modification en profondeur de cette loi », alors même qu'elle pose des problèmes aux protestants. Mais ce qui est plus important est la véritable mythologie laïque qui sous-tend les déclarations officielles à ce sujet. C'est Chirac vantant« un texte qui a si profondément contribué à la paix civile dans notre pays », et c'est Villepin proclamant que« la loi de 1905 est avant tout une loi de réconciliation »qui a« mis un terme à plusieurs siècles d'une histoire religieuse faite de violence et de crises».
Il s'agit là d'un révisionnisme grossier. La loi de 1905 était une loi de guerre civile, de guerre religieuse, visant à détruire l'Eglise catholique en France. Ses promoteurs ne s'en cachaient pas. Mais la loi de 1905 n'a pu être appliquée que partiellement, grâce à la résistance du pape saint Pie X. L'Etat a pu voler les biens de l'Eglise, mais n'a pas pu imposer les "associations cultuelles" , dont la création et le fonctionnement font l'objet de la plus grande partie des articles. L'Etat a dû par la suite accepter les "associations diocésaines" mises au point par le pape Pie XI, qui n'ont aucun rapport avec la loi de 1905. En dehors du principe de la séparation des Eglises et de l'Etat, ce qui reste de cette loi, en ce qui concerne l'Eglise catholique, c'est le fait que c'est à l'Etat de s'occuper de l'entretien des édifices dont il s'est attribué la propriété ...
Si Sarkozy veut« amender »la loi de 1905, c'est uniquement dans le but de financer l'islam en France. Cela est cohérent avec la création d'un Conseil français du culte musulman, et d'une Fondation pour les œuvres de l'islam. Le cardinal Lustiger avait montré que la création du CFCM faisait de l'islam une religion d'Etat, et Marine Le Pen, par un recours devant le Conseil d'Etat, a mis en évidence le fait que la Fondation violait la loi de 1905. A cela s'ajoutent les contorsions des collectivités locales, aux lisières de la loi, pour financer l'islam.

Le "ministre des Cultes"

En ce sens, Nicolas Sarkozy est cohérent avec lui-même, alors que la position de Chirac et de Villepin est hypocrite.
Mais la cohérence de Sarkozy porte atteinte à la fois à l'identité de la République (laïque) et à l'identité française (chrétienne). On n'a pas assez remarqué à quel point il se pose en "ministre des Cultes" (il le fait dans tous les discours où il aborde la question de la laïcité). Jusqu'à affirmer : « Je crois que jamais un ministre de l'Intérieur, avant moi, n'a autant revendiqué d'être ministre des Cultes. » En réalité, aucun ministre de l'Intérieur avant lui n'a revendiqué d'être ministre des Cultes, pour la bonne raison que cet intitulé n'existe pas. Et qu'il ne peut pas exister, précisément parce que, nous dit la loi de 1905, la République ne reconnaît aucun culte.
Sarkozy a indubitablement réussi à ce que, les médias parlent de lui comme du "ministre des Cultes", mais il ne l'est pas, et il ne peut pas l'être, comme l'a opportunément et fermement rappelé Mgr Vingt-Trois.
L'intitulé frauduleux est en outre inexact. Car par son action, Nicolas Sarkozy n'apparaît pas comme ministre des Cultes , mais comme ministre de l'Islamisation de la France. Ce qui n'est pas la même chose.
Là aussi, on verra une cohérence, avec la suppression de la prétendue "double-peine" , la mise en œuvre de la "discrimination positive" , la volonté de procéder à une immigration massive prétendument "choisie", et maintenant l'appel au droit de vote des étrangers. Cohérence de la préférence étrangère, comme du mépris de l'identité française et des principes de la République. Voilà un cumul bien plus extraordinaire que celui de ses mandats : aucun autre homme politique n'avait eu l'ambition jusqu'ici de saper en même temps tous les fondements de notre vie sociale.
Yves Daoudal, National Hebdo 2005.


dimanche 9 septembre 2007

Où Sarko n'aime ni les dimanches, ni les Bretons

• Où Sarko n'aime pas les dimanches en famille

Certains de nos lecteurs, paraît-il, font encore confiance à Nicolas Sarkozy. J'envie leur optimisme. Ce perpétuel agité a tout dit, me semble-t-il, en déclarant que l'essentiel pour lui est d'agir et d'avancer. Dans quel but ? il n'est pas sûr qu' il se pose la question. Seule compte l' apparence, ce qui est le propre du démagogue ; pour le reste, Sarko n'a pas plus de convictions que Chirac avant lui.Il vient de le montrer à propos de la Turquie, qui, jurait-il lors du débat qui l' opposa avant son élection à Ségolène Royal, ne fait pas partie de l' Europe et n'a donc pas vocation à entrer dans l'Union. Il semble pourtant admettre aujourd'hui qu'elle puisse y être admise. Pourquoi ce revirement, qui réjouit les eurocrates bruxellois? Faut-il le dater de la récente rencontre de notre président avec son homologue américain, chaud partisan de l' incorporation de la Turquie à l' Union européenne ? Le réchauffement climatique aurait-il si bien précipité la dérive des continents qu'en moins de quatre mois, la Turquie, sautant le Bosphore, serait passée de l' Asie à l' Europe ? Ou alors est-ce l' arrivée au pouvoir, à Ankara, d'un ancien islamiste, qui rapproche l' ancien royaume abbasside d'une France où l' islam est de plus en plus présent? Je laisse mes lecteurs cocher la bonne réponse. Solution du jeu lorsque Ankara sera officiellement répertoriée parmi les capitales européennes ...
En attendant, le laïc Sarko achève d'enterrer les racines chrétiennes de l' Europe avec les ultimes traditions qui leur sont attachées, comme la fermeture des magasins le dimanche. «Au nom de quoi, demande-t-il devant des chefs d'entreprise intéressés, interdire l'ouverture à tout le monde ? » Au nom, d'abord, d'un héritage chrétien qui fait du dimanche le jour du Seigneur. Ce n'est cependant pas ce qui pousse les syndicats à refuser, eux aussi, l' ouverture dominicale. On oublie que son interdiction, défendue en son temps par la droite sociale, représenta un immense progrès pour les salariés, qui purent se retrouver en famille le dimanche. Alors que tant de familles sont aujourd'hui éclatées et que la plupart du temps, même lorsqu'elles ne le sont pas, le père et la mère travaillent tous deux, je doute que le moment soit bien choisi pour supprimer cette règle du repos dominical.

• Où Sarko se fout des Bretons, et réciproquement

J'ai tôt douté de la sincérité des sentiments patriotiques de l' actuel hôte de l 'Elysée et, sur ce point, le discours qu'il a tenu le soir de son élection, jurant la larme à l' œil et la main sur le cœur que la France lui avait tout donné et s'engageant à le lui rendre, ne m'a pas convaincu. il n'est pas anodin que le président de la République française s'exprime davantage comme un Français d'adoption, que comme un héritier légitime d'un patrimoine commun.
Mon attachement viscéral à ce patrimoine se renforce d'un attachement parallèle à l'une des petites patries » qui composent la grande et dont seuls les jacobins, de droite comme de gauche, sont assez sots pour croire qu'elles en menacent l' intégrité. A cet égard, Sarko ne me choque pas lorsqu'il envisage de « décentraliser » le conseil des ministres en Corse - patrie de sa première épouse (et de la mienne). Je le soupçonne bien de vouloir prolonger ses vacances, mais après tout, pourquoi ne pas joindre l' utile à l'agréable?
Ma petite patrie à moi, c'est la Bretagne ... Peut-être pensez-vous déjà, ami lecteur : « On te voit venir, Couteil, tu vas nous servir la bourde sarkozyenne sur le Cross Corsen de Plouarzel » ... Si tel est le cas, vous pensez juste.
Dans L'aube le soir ou la nuit (Flammarion), le livre qu'elle a consacré à la campagne électorale de Sarkozy, Yasmina Reza rapporte ces propos qu'il aurait prononcés en se rendant dans le Finistère pour visiter ce fameux Cross Corsen :« Qu'est-ce qu'on va foutre dans un centre opérationnel sinistre à regarder des radars? Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! »
Ces propos-là sont publiés au moment le plus mal choisi, juste après que le président de la République a assisté aux obsèques du patron du Sokalique, le bateau naufragé au nord d'Ouessant par un cargo ... turc. Le Cross Corsen de Plouarzel surveille précisément la mer autour des îles d'Ouessant et de Molène - l'on connaît les dictons fameux : « Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang ». Derrière les dix connards du Cross Corsen et leur carte, veillent, au long de ces parages redoutables, ce que les peuples de la mer ont fourni de plus noble : les gars de la Société nationale de sauvetage en mer. Ces bénévoles, anciens marins pour la plupart et connaissant leur côte sur le bout des écueils, sont susceptibles d'être alertés à tout moment, fût-ce pendant les nuits de Noël ou du jour de l'An, et par n'importe quel temps, pour partir, à bord de vedettes fournies par l'Etat, secourir des vies au péril de la leur. Pas très loin de Plouarzel, à l'Aber-Wrach, une nuit, les hommes d'une équipe de la SNSM ont ainsi quitté la chaleur des lits où dormaient leurs femmes ; ils ne sont jamais revenus.
Avec ces gens simples et héroïques, les petits bonshommes de notre politichiennerie supportent bien mal la comparaison, même lorsque leurs capacités manœuvrières et leur ambition les amènent jusqu'à l'Elysée. Sarkozy nie avoir prononcé ces mots qui font scandale. Reza aurait-elle tout inventé? Le président eût, en tout cas, été bien inspiré de lire son livre avant parution. En mettant les choses au mieux et au bénéfice du doute, on le taxera d'inconséquence.
François Couteille, Minute


samedi 8 septembre 2007

De la méthode sarkozyste en communication politique

De la méthode sarkozyste en communication politique

Avec la présidentielle 2007, la communication politique a pris un tournant sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, et s’inspire autant de la communication lepéniste que des méthodes de marketing direct. Plus incisive, plus agressive, plus manipulatrice, elle a même surpris les journalistes qui n’ont su poser les bonnes questions. Si Nicolas Sarkozy devient président de tous les Français, il devra son élection avant tout aux spin doctors, d’autant que son programme n’a pas enthousiasmé l’économiste Elie Cohen dans le dernier «Ripostes» sur France 5. Ce billet propose donc de décrypter quelques moments clefs de la Sarkocom.


1. Le copié-collé de la méthode Le Pen

La méthode Sarkozy, c’est avant tout un copié-collé de la méthode Le Pen, ce qui explique en partie que son jumeau en communication soit arrivé 4e au premier tour, avec - il faut le souligner - un nombre important de voix. Une méthode efficace puisqu’elle en appelle à l’affect, non à l’intellect. Le cœur de cible est la personne qui exprime un mal-être et une frustration, accompagnées d’un fort désir de revanche.

Nicolas Sarkozy ne cesse donc de fustiger les élites parisiennes dans chaque passage télévisé, dans chacun de ses discours, et parvient à faire oublier que son entourage et lui-même appartiennent à cette élite de longue date. Nicolas Sarkozy n’a certes pas intégré l’ENA, mais comme il n’a que très peu exercé son métier d’avocat parisien, il ne connaît pas mieux le milieu du travail qu’un énarque « pur jus » et se trouve aussi déconnecté de la réalité qu’eux. Pas plus que Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy ne peut comprendre les préoccupations des ouvriers, employés, cadres, chômeurs, étudiants, petits patrons ou encore Rmistes puisque les théories ne remplacent pas la pratique.

Cette revanche contre les élites parisiennes s’accompagne d’un populisme exacerbé, et le peuple est mis à contribution à travers toutes ses composantes, de l’ouvrier au grand patron. Nicolas Sarkozy prétend incarner le peuple en se positionnant comme le candidat de la France et des Français, non des partis. Cette posture gaullienne ne fera pourtant pas oublier que Nicolas Sarkozy est le président d’un parti de droite quand le Général était président du RPF, un parti qui entendait dépasser les clivages gauche-droite. Dans le discours de Rouen, le peuple est cité 38 fois, la France 112 fois, l’adjectif français 57 fois, la République 34 fois et la démocratie 6 fois seulement. Cet appel systématique au peuple entraîne un rassemblement identitaire autour d’un candidat et relègue le programme au second plan. Une stratégie qui flatte le peuple est d’autant plus efficace en période de crise identitaire, et répond à une réelle attente de toutes les couches sociales, soit la consécration de son slogan « ensemble ».

Si Jean-Marie Le Pen s’est approprié le symbole de Jeanne d’Arc, Nicolas Sarkozy s’en est également réclamé. Mais le candidat de l’UMP est allé plus loin puisqu’il en a appelé à Blum, Jaurès et de Gaulle, en les inscrivant dans une histoire commune de la France. Ce serait pourtant oublier deux faits importants. D’abord, l’Histoire de France ne s’enseigne plus par les personnages historiques. Cette Histoire à papa est heureusement révolue puisqu’elle n’offrait qu’un champ d’exploration très limité à l’historien, et simplifiait l’enseignement de l’Histoire. Il s’agit donc d’une vision passéiste de l’Histoire de France. Ensuite, si Blum, Jaurès, Jeanne d’Arc et de Gaulle appartiennent bien au patrimoine commun de la France et des Français, le programme et la politique de Nicolas Sarkozy en sont très éloignés. Et si « la pucelle d’Orléans » voulait libérer la France du roi, Blum et Jaurès voulaient fonder une France socialiste. Ces deux derniers personnages ont été les candidats d’un parti, d’une certaine vision de la France, non de toute la France. De même, de Gaulle était le candidat d’une droite sociale, une singulière alchimie que l’on ne retrouve pas dans le programme de Nicolas Sarkozy. Monsieur Jean-Marcel Jeanneney, ancien ministre de de Gaulle ne s’y est pas trompé, qui a écrit une lettre (publiée dans le Nouvel Observateur) où il annonçait voter pour Ségolène Royal en laquelle il trouvait un peu du Général.

Autre stratégie empruntée directement au leader du Front national : la stratégie du martyr. Nicolas Sarkozy, attaqué de tous côtés par le Front TSS (Tout sauf Sarkozy) se construit une image de victime comme l’a fait Le Pen, et prétend qu’on attaque sa personne, non son programme. Le candidat au second tour se construit donc une virginité qui va de facto décrédibiliser les attaques ad hominem. Ce serait pourtant oublier trois faits importants. D’abord, Jean-Marie Le Pen et Ségolène Royal ont essuyé de la part de leurs adversaires des propos aussi virulents, sans susciter une désapprobation aussi vive. Ensuite, la Ve République s’assimile à une monarchie républicaine où la personnalité du président compte autant que son programme. Enfin, la majorité des Français n’a pas lu les programmes, et le suffrage exprime plus l’adhésion (ou le rejet) d’une personnalité que d’un programme. Une voix étant égale à une autre, et la France ne comptant que peu de spécialistes dans les domaines socio-économiques, ce qui importe, c’est trouver le cœur des Français.

Cœur des Français exalté dans un renouveau nationaliste qui s’appuie sur des racines chrétiennes, des auteurs classiques (pourtant les milieux parisiens soulignent la pauvreté culturelle de Sarkozy), une lecture singulière du passé. La religion tient une place importante dans la communication sarkozyste, non pas parce qu’il est lui-même pieux, mais parce que la religion (du latin religere qui signifie relier) est un refuge en situation de crise. L’appel aux auteurs classiques (au sens commun, non au sens de courant littéraire) comme Corneille, Flaubert ou encore Malraux sont de nature à rassembler les Français autour d’un passé culturel glorieux, et porte un message rassurant : le souvenir en guise d’avenir. Le plus étonnant, et peut-être le plus dangereux, est la lecture singulière du passé. En effet, le discours de Rouen aborde le rôle positif de la colonisation, auquel Diderot (parmi d’autres auteurs) avait répondu par la négative en 1772 (date d’écriture) dans Supplément au Voyage de Bougainville. Diderot fait en effet dire par l’intermédiaire d’un chef tahitien qui s’adresse à Bougainville : « Laisse-nous nos mœurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. ». Cette référence au passé colonial de la France cadre assez mal avec le programme du candidat de l’UMP qui annonce ne pas traiter avec des gouvernements corrompus ni avec ceux qui attentent aux droits de l’homme, d’autant plus qu’il est proche d’Omar Bongo (le Nouvel Observateur), de Bouteflika ou encore de Sassou N’Guesso, réputés pour être de "grands démocrates".

Régner sur la peur est le dernier volet emprunté à Jean-Marie Le Pen. La peur de l’immigré, de l’autre, de l’insécurité, de la mondialisation et des trotskistes sont autant de facteurs qui poussent les Français à céder à la bile plus qu’à l’esprit ; à cette mauvaise partie de nous-mêmes qu’il est facile d’éveiller. Or, régner sur la peur, c’est asseoir une domination efficace sur autrui qui trouve alors refuge dans l’image d’un chef fort et s’apprête à abandonner ses libertés publiques en échange d’une illusion de sécurité. Parce que Nicolas Sarkozy est moins une menace pour la démocratie (les institutions ne sont pas en danger) que pour nos libertés publiques, comme l’est Bush pour celles de son pays. Les menaces, intimidations et pressions dénoncées par tant d’acteurs de la vie politique et sociale le disputent aux lois liberticides déjà adoptées ou en cours d’adoption (cf. les nombreux articles consacrés à ce sujet sur Agoravox ou ailleurs).

2. Les méthodes du marketing direct au secours d’un programme incertain

Dans un précédent billet (Le Guide du votard), j’avais souligné combien le programme économique de Nicolas Sarkozy manquait d’ambition, relevait plus de mesurettes, et s’attachait seulement à effacer les effets des 35 heures. J’avais conclu que ce programme relevait avant tout d’un pari. Il semble donc que l’économiste Elie Cohen, dans le Ripostes du 29 avril (qui vit s’opposer François Hollande et Jean-Pierre Raffarin) en soit arrivé aux mêmes conclusions, et l’ancien Premier ministre eut toutes les peines à éluder les questions de fond. Malgré tout, le programme économique du candidat de l’UMP soulève davantage l’adhésion des Français que celui de Ségolène Royal, non parce qu’il est meilleur sur le fond, mais parce qu’il emploie les techniques du marketing direct.

Le meilleur dirigeant peut être propriétaire de la meilleure idée, du meilleur service ou du meilleur produit, s’il ne sait pas comment les vendre, cette propriété est vaine. L’important n’est plus la rose mais la communication faite autour d’elle. Je ne vais prendre qu’un seul exemple, tiré d’une expérience personnelle. Il y a longtemps maintenant, l’un de mes anciens étudiants qui avait créé une société de prestation à domicile, vint me demander conseil puisqu’il ne parvenait pas à faire décoller son activité, malgré ses connaissances du business, ses moyens financiers, et sa force de travail. Il tarifait sa prestation à l’heure, pour un coût élevé vu la spécificité de son métier et affichait ce tarif dans sa communication. Je lui ai demandé quelle était la durée moyenne de son intervention - à peu-près 20 minutes -, et lui ai conseillé de vendre son service sur la base de 16 minutes (pour éviter que l’on calcule mentalement le coût horaire) auquel il fallait ajouter les frais de déplacement. Le tarif horaire se trouvait virtuellement divisé par sept (en reportant les frais de déplacement hors tarif de la prestation), et les clients ont commencé à affluer puisqu’ils considéraient la prestation bon marché !

Quand Nicolas Sarkozy annonce qu’en travaillant cinquante minutes de plus par jour, on verrait son salaire augmenter de 15%, il ne procède pas autrement. Cinquante minutes paraissent beaucoup moins qu’une heure, et personne ne fera l’effort de calculer mentalement le nombre d’heures travaillées sur un mois. Le prospect a donc l’impression d’un effort limité. En plus, les 15% de salaire en sus ne correspondent à rien de concret puisque dans la réalité, cela ne se passera pas ainsi. En effet, de nombreux salariés font des heures supplémentaires non payées, et la détaxation de ces dernières ne conduira pas les entreprises à faire l’effort financier nécessaire : ce qui est gratuit est toujours moins cher que ce qui est payant. D’autre part, de nombreuses catégories de travailleurs ne rentreront pas dans cette revalorisation du travail : les cadres, ceux qui travaillent à la commission, les professions libérales (même lorsqu’elles externalisent certains services comme l’accueil téléphonique), une grande partie des commerçants et des artisans, sans compter les chômeurs (...). Au final, cette mesurette ne concernera qu’une minorité de travailleurs. Quand bien même, cette détaxation des heures supplémentaires ne prend pas en compte les coûts liés au monde du travail quand on sait qu’en l’état actuel (suicides, dépressions, usage de stimulants...), celui-ci est déjà important.

Le fameux « travailler plus pour gagner plus » est une excellente trouvaille, un slogan publicitaire que nous retenons tous facilement, mais que nous n’analysons ni sur la forme, ni sur le fond. Le témoignage d’un collègue enseignant en ZEP m’a alerté, lorsqu’il m’a affirmé que des parents Rmistes avaient voté Sarkozy parce qu’ils pensaient gagner plus. Ces derniers, Rmistes depuis longtemps, assimilent leur revenu à une rémunération et retiennent du message le « gagner plus ». En effet, « gagner plus en travaillant plus » a le même sens que « travailler plus pour gagner plus », mais ne produit pas le même effet. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler le slogan de la banque LCL, et agit dans le cortex comme un message subliminal qui associe l’adverbe « plus » au travail et au gain, un peu comme à la loterie, alors qu’en situation de concurrence internationale, le lien cause-conséquence ne peut se satisfaire d’une telle simplification. Pour autant, « travailler plus pour gagner plus » n’est pas « travailler plus pour vivre mieux ». En effet, ne sont pas envisagées les conséquences sociales et économiques d’une présence supplémentaire au travail. Parce que travailler plus, c’est avoir moins de temps et moins de savoir-faire pour se trouver une compagne (ou un compagnon), pour s’occuper de ses enfants ou tout simplement pour s’occuper de soi. Dans un cas, comme dans l’autre, l’appel à des prestataires externes (coach en séduction ou sites internet pour les rencontres ; nounous et soutien scolaire pour les enfants ; hommes toutes mains pour le bricolage...) vont venir grever le budget supplémentaire dégagé par un surcroît de travail. Mieux encore, cette marge budgétaire dégagée par les heures supplémentaires pourrait être compensée par une augmentation du prix des biens et services essentiels. En effet, la fixation du prix d’un produit ou d’un service se fait au moyen de l’évaluation de trois paramètres principaux : le prix de la concurrence, la marge sectorielle, et une étude de marché qui comprend le calcul d’un prix d’acceptabilité, c’est-à-dire que le nombre d’acheteurs est déterminé en fonction d’un ratio entre la perception du coût d’un produit (ou service), et la perception de sa qualité. Aujourd’hui, le consommateur paye davantage le conditionnement d’un produit et sa marque que le produit lui-même, et dans ces conditions, un pouvoir d’achat légèrement plus fort pourrait être absorbé par le coût d’un conditionnement plus élevé ou une réévaluation de la marque. Autrement dit, le consommateur ne pourrait acheter guère plus de produits ou de services qu’aujourd’hui à moins de travailler nettement plus.

Le plan de communication de Nicolas Sarkozy pourrait être davantage disséqué, mais le lecteur trouvera dans ce billet matière à réflexion. Et si l’on peut déplorer que la communication remplace progressivement la réflexion chez tous les candidats, Nicolas Sarkozy est le premier à être allé aussi loin dans cette approche.

Source : Tristan Valmour, Agora Vox, le jeudi 3 mai 2007. (Voir les commentaires)

vendredi 7 septembre 2007

Bruxelles se mêle de l'ISF

Le plafond de la réduction de l'ISF pour l'investissement dans les PME, mesure phare du candidat Sarkozy, a été fixé par...la Commission européenne.
Au-delà de 200 000 euros tous les trois ans, la défiscalisation aurait été assimilée par Bruxelles à une aide de l'État.
Exaspérés plusieurs parlementaires UMP sont prêts à rédiger une proposition de loi supprimant purement et simplement l'ISF.
Challenges

dimanche 2 septembre 2007

AUTOPSIE D'UNE PROMESSE

Vendredi dernier, les médias nous ont tous annoncé en chœur les nouvelles dispositions décidées par le gouvernement concernant la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers. On nous a annoncé tout cela en détail, comme si c'était fait. Or rien n'est fait. Il ne s'agissait en fait que du nouvel épisode d'une comédie politicienne bien connue : celle des promesses électorales. Souvent, les promesses sont oubliées dès qu'elles ont été formulées. Celle-ci donne lieu à un véritable feuilleton. Il est utile d'en retracer les principaux chapitres, pour montrer comment on roule. les électeurs dans la farine.
Le premier épisode, c'est le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy. On y lit ceci : « Je veux permettre à chaque ménage d'être propriétaire, parce que la propriété est le rêve de chacun d'entre nous. Je vous permettrai notamment de déduire de votre impôt sur le revenu les intérêts de votre emprunt immobilier. » Promesse qu'il rappelait dans ses discours.
Le 6 mai, Nicolas Sarkozy était élu à la présidence de la République. On attendait alors d'en savoir plus sur cette promesse, dont les modalités n'étaient pas définies. Il paraissait seulement clair qu'elle s'appliquait à tous les emprunts en cours ou à venir.

Remontage de bretelles

Le 24 mai, le ministre du Budget, Eric Woerth, expliquait au contraire que cette exonération fiscale s'appliquerait seulement aux acquisitions réalisées à partir du 7 mai. Deux jours plus tard, Christine Boutin, ministre du Logement, affirmait de même que s'il y avait encore des arbitrages à faire sur cette mesure, «ce qui est certain, c'est qu'elle sera applicable à partir de l'élection du président de la République».
Mais le 29 mai, lors de son meeting du Havre, Nicolas Sarkozy tonnait qu'il remplirait la promesse qu'il avait faite:
« La pensée unique s'oppose à la déduction du revenu imposable des intérêts des emprunts contractés pour l'achat de sa résidence principale. Cette déduction, je l'ai promise et je la ferai. Parce que je veux une France de propriétaires. Les intérêts seront déductibles à partir du jour où la loi sera votée et cette déduction, comme je m ' y suis engagé, s'appliquera à tous les emprunts en cours, comme il est naturel, normal et juste. »
Ce qui s'appelle du remontage de bretelles ...
Le gouvernement (dont Eric Woerth et Christine Boutin) inclut donc dans le « paquet fiscal» la mesure telle que la voulait le président de la République : un crédit d'impôt pour les intérêts payés au titre des cinq premières années de remboursement des prêts immobiliers contractés pour l'achat d'une résidence principale. Quelle que soit la date de l'emprunt. Le «paquet fiscal» fut définitivement adopté par le Parlement le 1er août.
Les parlementaires socialistes saisirent alors le Conseil constitutionnel, lui demandant de censurer les articles 1 (heures supplémentaires), 11 (bouclier fiscal) et 16 (exonérations d'ISF pour investissements dans les PME). Le 16 août, le Conseil constitutionnel rendait sa décision : il rejetait les demandes socialistes, mais s'était autosaisi de l' article 5, celui qui correspond à la promesse de Sarkozy, et le censurait.
On aurait pu penser que le Conseil constitutionnel n'admettait pas la rétroactivité de la loi. Curieusement, ce n'est pas ce motif qu'il avance. Si cet avantage, dit-il,« répond pour les prêts futurs à un objectif d'intérêt général qui est de favoriser l'accession à la propriété, il n'en va pas de même pour les prêts déjà accordés, car, par définition, pour ceux-ci, le contribuable est déjà propriétaire de son habitation principale ».« Il s'agit alors d'un soutien au pouvoir d'achat au bénéfice des seuls contribuables propriétaires de leur habitation principale », ce qui constitue une« rupture d'égalité entre contribuables ».
En outre, le Conseil constitutionnel juge que le coût de la mesure, 7,7 milliards d'euros, est « hors de proportion avec l'effet incitatif attendu ».
François Fillon affirmait alors aussitôt que le gouvernement allait proposer les jours suivants « un nouveau dispositif » permettant à ceux qui ont souscrit un emprunt de pouvoir bénéficier néanmoins du crédit d'impôt.
Puis Christine Lagarde, ministre de l'Economie, admettait que, vu la décision du Conseil constitutionnel, c'est seulement à compter de l'entrée en vigueur de la loi que les intérêts seront déductibles. Le gouvernement, précisait-elle, va mettre en place un« mécanisme » devant permettre de déduire les intérêts « au moins à tous ceux qui ont signé des promesses d'achat ou commencé à souscrire des emprunts depuis l'élection du président de la République». Et en ce qui concerne les emprunts souscrits avant le 6 mai,« on est en train de travailler sur un texte qui sera proposé ultérieurement à l'automne » ...
Et voici donc que le 24 août, on nous annonçait en fanfare la nouvelle disposition arrêtée en conseil des ministres. « Nous doublons la mise! », s'exclamait Christine Lagarde, confirmant ce qu'avait annoncé Nicolas Sarkozy à la presse régionale :« Je transforme un ennui en opportunité : les déductions d'intérêts seront plus importantes pour les nouveaux propriétaires. »Le crédit d'impôt sera donc de 40 % la première année (et ensuite de 20 % les quatre années suivantes comme dans le précédent dispositif). La mesure sera applicable à toutes les acquisitions signées à partir du 6 mai. Christine Lagarde reconnaissait qu'elle comporte une part de rétroactivité« entre le 6 mai et le 22 août », mais qu'elle est néanmoins « compatible avec les décisions du Conseil constitutionnel ».


Prochain épisode le budget 2008

Voilà ce qu'on nous annonce comme si c'était fait. Et la date du« 22 août » est là pour le souligner. Mais cette date ne correspond à rien. Pour prendre effet, la mesure doit être votée par le Parlement: elle sera incluse dans la loi de finance 2008, qui sera examinée cet automne. Laquelle loi de finance sera sans aucun doute déférée devant le Conseil constitutionnel...
Or le Conseil constitutionnel n'avait pas censuré la rétroactivité, mais la« rupture d'égalité entre contribuables ». C'est toujours le cas avec le nouveau dispositif, même si cela concerne moins de propriétaires, ce qui n'entre pas en ligne de compte. En outre, le Conseil constitutionnel avait jugé démesuré le coût de la mesure. Quel est le coût de la nouvelle mesure ? Mme Lagarde considère qu'il est« très difficile »de le comparer avec le coût de la mesure initiale ...
Et pour ceux qui avaient souscrit avant le 6 mai ? On n'en parle plus ... Mais Sarkozy a déjà évoqué la question avec la presse régionale : « A ceux qui me reprocheront de n'avoir pas tenu ma promesse, je répondrai : adressez-vous au Conseil constitutionnel. »
En conclusion d'un communiqué où il démontait la palinodie gouvernementale, Jean-Marie Le Pen soulignait: « Devant cette comédie en trois actes (en attendant la suite), on ne peut pas exclure que le Conseil constitutionnel ne soit chargé de fournir un alibi à ceux qui ne veulent pas tenir leurs promesses ... »
YD. daoudal@fr.oleane.com