mardi 11 septembre 2007

SARKOZY LE DESTRUCTEUR

(sujet datant de 2005)
Le soir du 21 avril 2002, Lionel Jospin avait déclaré qu'il quittait la scène politique. Or voilà qu'il publie un livre, et aussitôt on parle du retour de Jospin, et de sa possible candidature à la présidentielle 2007. Histoire d'ajouter encore à la confusion ambiante au PS, ou de mettre éventuellement fin au combat des chefs. Alain Juppé, quant à lui, condamné pour les emplois fictifs du RPR, n'avait pas dit qu'il abandonnait la politique. Mais il s'était exilé au Québec. Voici que la secrétaire nationale de l'UMP aux élections, qui plus est député de Gironde, annonce que cet autre ancien Premier ministre (et président de l'UMP) sera candidat aux législatives de 2007 à Bordeaux. S'il revient, il aura évidemment son mot à dire sur la présidentielle, et son retour ne peut qu'être planifié en accord avec l'Elysée ... pour mettre éventuellement hors jeu et Sarkozy et Villepin. Mais Juppé a vigoureusement démenti, sur son blog, qu'il ait annoncé son retour. Car il annoncera lui-même ce qu'il compte faire, le moment venu, or le moment n'est pas venu...
Voilà qui agite les commentateurs et les instituts de sondages. Pendant ce temps, Sarkozy continue de s'agiter tout seul, et de prôner la « rupture » dans tous les domaines (même l'écologie, lors de la convention de l'UMP sur ce sujet). La rupture tous azimuts avec la politique d'un gouvernement dont il est le super-numéro 2...

"Amender" la loi de 1905

Vendredi dernier, Nicolas Sarkozy a profité du centenaire de la Fédération protestante de France pour s'affirmer une fois de plus contre Chirac et Villepin à propos de la loi de 1905. Le matin même, La Croix annonçait que Sarkozy créait une « commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics », présidée par Jean-Pierre Machelon, professeur de droit public. Dans la lettre de mission qu'il envoyait à l'universitaire, Sarkozy se disait« convaincu de la nécessité d'apporter aujourd'hui un certain nombre d'amendements» à la loi de 1905, et lui demandait de formuler« des propositions opérationnelles ». En clair, Sarkozy poursuit son idée fixe d'une modification de la loi de 1905 au profit de l'islam.
Le fait d'annoncer cela le 21 octobre au matin était une provocation : dans la soirée, Villepin allait faire un discours et lire un message de Jacques Chirac devant les protestants. Naturellement, le président de la République et son Premier ministre ont solennellement réaffirmé leur attachement à la loi de 1905 telle qu'elle est, et Sarkozy a pu quitter le raout protestant pour se rendre à un repas de rupture du jeûne du Ramadan avec à son actif cette nouvelle affirmation de sa différence.
Les commentateurs ont relevé la pique de Jacques Chirac à l'adresse du ministre :« La Fédération protestante de France, avec sa sagesse coutumière, ne demande pas une modification en profondeur de cette loi », alors même qu'elle pose des problèmes aux protestants. Mais ce qui est plus important est la véritable mythologie laïque qui sous-tend les déclarations officielles à ce sujet. C'est Chirac vantant« un texte qui a si profondément contribué à la paix civile dans notre pays », et c'est Villepin proclamant que« la loi de 1905 est avant tout une loi de réconciliation »qui a« mis un terme à plusieurs siècles d'une histoire religieuse faite de violence et de crises».
Il s'agit là d'un révisionnisme grossier. La loi de 1905 était une loi de guerre civile, de guerre religieuse, visant à détruire l'Eglise catholique en France. Ses promoteurs ne s'en cachaient pas. Mais la loi de 1905 n'a pu être appliquée que partiellement, grâce à la résistance du pape saint Pie X. L'Etat a pu voler les biens de l'Eglise, mais n'a pas pu imposer les "associations cultuelles" , dont la création et le fonctionnement font l'objet de la plus grande partie des articles. L'Etat a dû par la suite accepter les "associations diocésaines" mises au point par le pape Pie XI, qui n'ont aucun rapport avec la loi de 1905. En dehors du principe de la séparation des Eglises et de l'Etat, ce qui reste de cette loi, en ce qui concerne l'Eglise catholique, c'est le fait que c'est à l'Etat de s'occuper de l'entretien des édifices dont il s'est attribué la propriété ...
Si Sarkozy veut« amender »la loi de 1905, c'est uniquement dans le but de financer l'islam en France. Cela est cohérent avec la création d'un Conseil français du culte musulman, et d'une Fondation pour les œuvres de l'islam. Le cardinal Lustiger avait montré que la création du CFCM faisait de l'islam une religion d'Etat, et Marine Le Pen, par un recours devant le Conseil d'Etat, a mis en évidence le fait que la Fondation violait la loi de 1905. A cela s'ajoutent les contorsions des collectivités locales, aux lisières de la loi, pour financer l'islam.

Le "ministre des Cultes"

En ce sens, Nicolas Sarkozy est cohérent avec lui-même, alors que la position de Chirac et de Villepin est hypocrite.
Mais la cohérence de Sarkozy porte atteinte à la fois à l'identité de la République (laïque) et à l'identité française (chrétienne). On n'a pas assez remarqué à quel point il se pose en "ministre des Cultes" (il le fait dans tous les discours où il aborde la question de la laïcité). Jusqu'à affirmer : « Je crois que jamais un ministre de l'Intérieur, avant moi, n'a autant revendiqué d'être ministre des Cultes. » En réalité, aucun ministre de l'Intérieur avant lui n'a revendiqué d'être ministre des Cultes, pour la bonne raison que cet intitulé n'existe pas. Et qu'il ne peut pas exister, précisément parce que, nous dit la loi de 1905, la République ne reconnaît aucun culte.
Sarkozy a indubitablement réussi à ce que, les médias parlent de lui comme du "ministre des Cultes", mais il ne l'est pas, et il ne peut pas l'être, comme l'a opportunément et fermement rappelé Mgr Vingt-Trois.
L'intitulé frauduleux est en outre inexact. Car par son action, Nicolas Sarkozy n'apparaît pas comme ministre des Cultes , mais comme ministre de l'Islamisation de la France. Ce qui n'est pas la même chose.
Là aussi, on verra une cohérence, avec la suppression de la prétendue "double-peine" , la mise en œuvre de la "discrimination positive" , la volonté de procéder à une immigration massive prétendument "choisie", et maintenant l'appel au droit de vote des étrangers. Cohérence de la préférence étrangère, comme du mépris de l'identité française et des principes de la République. Voilà un cumul bien plus extraordinaire que celui de ses mandats : aucun autre homme politique n'avait eu l'ambition jusqu'ici de saper en même temps tous les fondements de notre vie sociale.
Yves Daoudal, National Hebdo 2005.


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