jeudi 13 septembre 2007

SARKO LA GAFFE

UN VA-T-EN GUERRE JUCHÉ SUR UN CHEVAL DE BOIS

L' avantage, avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'on n'est jamais déçu, l'homme parvenant sans cesse à repousser les limites de l'imbécillité, de irresponsabilité et de cette vulgarité crasse, devenue chez lui une invraisemblable marque de fabrique.

A la fin du mois d'août, Nicolas Sarkozy prononçait le traditionnel discours de chef de l'Etat, devant la conférence des ambassadeurs. Et, histoire de mettre de l'ambiance, avait déjà commencé à les insulter en coulisses, tel que le rapporte Yasmina Reza, dans son livre, L'aube le soir ou la nuit (Flammarion).
Après avoir lancé devant témoins, un tonitruant « Je me fous des Bretons! », il assurait donc :« Il devient très important de se débarrasser du quai d'Orsay ... J'ai un mépris pour tous ces types, ce sont des lâches ... Quand on est lâche, on ne réfléchit pas.·» Interrogée sur ces propos, Rama Yade, secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères et européennes, n'a pas démenti. Un Président de la République française qui injurie le Quai d'Orsay; c'est du jamais vu.
Mais il est vrai que le bonhomme n'en est pas à son coup d'essai, ayant également innové en crachant sur la politique de la France, lors d'une visite à la Maison blanche.

Le tour d'horizon qu'il dresse ensuite des relations avec le vaste monde est à l'avenant. La Russie?« La Russie impose son retour sur la scène mondiale en jouant avec une certaine brutalité de ses atouts, notamment pétroliers et gaziers, alors que le monde; l'Europe en particulier,espèrent d' elle une contribution importante et positive au règlement des problèmes de notre temps que son statut retrouvé justifie. » Réponse de Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin: «Nous pensons qu'en parlant de "brutalité" à propos de la politique de la Russie, le président Sarkozy a fait preuve d'un peu d'émotivité. Nous pensons que, dans ce cas, le mot de "brutalité" était le reflet d'une langue française très belle et chargée d'émotion. En réalité, nous espérons de la compréhension de la part de nos partenaires européens. Ce n'est pas de la "brutalité", c'est du pragmatisme.» Au fait, qui est-il, pour qui se prend-t-'il, pour oser s'adresser ainsi au peuple russe et à son président, Vladimir Poutine ? Car si la Russie est « brutale »,- en Tchetchénie, par exemple -, l'Amérique ne l'est-elle pas en Afghanistan et partout ailleurs sur la planète? D'ailleurs, parlons de Vladimir Poutine. Et de Nicolas Sarkozy. Le second rend obligatoire la lecture d'une lettre de Guy Moquet, jeune résistant communiste, dans toutes les écoles - quitte à honorer les héros, il aurait été par exemple politiquement plus rassembleur de saluer le premier martyr de la France libre, Honoré d'Estienne d'Orves, fusillé le 29 août 1941. Alors que le premier, lui, a fait revenir sur la sainte terre de Russie la dépouille d'Anton Denikine, général en chef des armées blanches, avec les honneurs dus à un chef d'Etat. Un peu comme si les cendres de Cadoudal avaient été rapatriées au Panthéon. Mais on imagine qu'avec son inculture encyclopédique, "Cadoudal" n'évoque sûrement, chez notre actuel président, que le nom d'une marque de galettes vendéennes.

L 'Iran? L'Iran: « Un Iran doté de l'arme nucléaire est pour moi inacceptable - et je pèse mes mots. » Et le même de « souligner l'entière détermination de la France dans la démarche actuelle alliant sanctions croissantes, mais aussi ouverture si l'Iran fait le choix de respecter ses obligations: Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran ... »
Toujours le même langage de voyou. « File-moi ta montre et je te donnerai l'heure ! » « Donne-moi ton portefeuille ou je te casse la gueule et si je te la casse, ta putain de gueule, c'est que tu l'auras bien cherché! » Il faut remonter à Al Capone ou le président ougandais Idi Amin Dada pour trouver trace de telles rodomontades de petites frappes de trottoir. Du coup, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a beau jeu de répondre: « Il manque encore d'expérience, ce qui veut dire que peut-être il ne comprend pas vraiment le sens de ce qu'il dit. » Il est un fait que ... Car, s'il s'agit d'un benêt, c'est grave ; et s'il comprend ce qu'il dit, ça l'est encore plus. Au fait, qu'Israël, nation singulièrement belliqueuse, puisse posséder l'arme nucléaire depuis plusieurs décennies ne serait-il pas plus inquiétant qu'une hypothétique bombe atomique iranienne, détenue par un pays qui, souvent attaqué, militairement par l'Irak, ou déstabilisé par les géniaux stratèges de la CIA - virer le nationaliste laïc Mossadegh, mettre ensuite à sa place un fantoche, le défunt Shah d'Iran, le lâcher après en faveur d'un ayatollah Khomeiny et chialer dans la foulée parce que la région a perdu de sa stabilité ? Il ne le dit pas et cela ne nous étonne pas.

Après avoir insulté les Perses, pourquoi ne pas faire de même des Arabes? Morceaux choisis ? Allons- y ! « Dans l'immédiat, nos efforts, ceux du Quartet (USA, Union européenne, Russie, (ONU) et des pays arabes modérés, doivent aller à la reconstruction de l'Autorité palestinienne. ( ... ) Que les parties et la communauté internationale se dérobent à nouveau à cette ambition, et la création d'un "Hamastan" dans la Bande de Gaza risque d'apparaître rétrospectivement comme la première étape de la prise de contrôle de tous les territoires palestiniens par les islamistes radicaux. » Une première question s'impose : qui lui écrit ses interventions ? Cauet ? Doc Gynéco ? La baby-sitter de son fils Louis ? Son "Quartet", s'il est composé à la fois des USA, de l'Europe de la Russie et de l'ONU, cela signifie qu'il représente l'ensemble des nations de la planète - elles sont toutes représentées à l'ONU, même Monaco. Alors, pourquoi ce distinguo fait avec les « pays arabes modérés » ? Que signifie, d'ailleurs, le terme de « pays arabe modéré» ? Que ces pays sont modérément arabes ? Décryptons la pensée sarkozyste. Un « Arabe modéré» n'est pas un Arabe dont la mère serait, exemple au hasard, finlandaise. Un « Arabe modéré» est un Arabe dont la souveraineté n'est que modérée; c'està-dire qu'il prend ses ordres à Washington - telle la Jordanie ou l'Egypte - Paris, c'est le cas du Maroc. Soit un Arabe aux ordres, le petit doigt sur la couture de la djellaba. Puis, le «Hamastan ». Pourquoi un tel vocable, chargé de mépris ? Après tout, le Hamas, longtemps aidé par Israël et les USA, afin de faire pièce au nationalisme laïc du Fatah, n' est-il pas sorti vainqueur des dernières élections législatives en Palestine? Nicolas Sarkozy est-il un véritable démocrate ou n'est-il démocrate que lorsque que le lapin sorti du chapeau claque électoral présente l'infini privilège de lui convenir ? Pour finir, s'il évoque ces « Arabes modérés », pourquoi n'en appelle-t-il pas à des « Israéliens modérés» ? Cela doit bien exister quelque part. Non? Si, si, en cherchant bien, en fouillant dans le - concept « d'Israéliens modérés », soit un Juif qui ferait shabbat une semaine sur deux et dont la carte d'identité-nationale ne serait valide que la moitié de l'année. En attendant l'apparition de « catholiques modérés », qui ne croiraient qu'un peu au Christ sauveur et tiendraient, un dimanche par mois, l'Eucharistie pour galéjade. Nicolas Sarkozy, quant à lui, n'occupe que très « modérément» sa fonction.
Béatrice PEREIRE, National Hebdo.






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