dimanche 16 septembre 2007

PS:MAJORITÉ

Le président n'a pas la baraka, mais il a pris des risques. En dépit de nos engagements européens, il a reporté à 20 12la réduction de nos déficits et de notre endettement. 2012 est la fin de son quinquennat: après moi, le déluge? Il appelle à ses côtés des gens qui récusent les réformes promises à ses électeurs. Contre elles, il a recherché la caution des inventeurs de la Couverture maladie universelle et des mécaniciens de cette machine à diviser son propre électorat qu'est SOS Racisme: Julien Dray et Malek Boutih. Il a même tenté de recruter le communiste Jean-Claude Gayssot, auteur de la loi toujours en vigueur qui doit étendre l'insécurité aux 36000 communes de France. Il confie les affaires de l'Etat à des gens qui tiennent pour vertu la grivèlerie de masse de prétendus "sans-papiers", organisée depuis 1975 par cet ancien étudiant communiste, son prédécesseur J. Chirac. A grand renfort d'allocations financées par nos déficits, budgétaire et social. Jacques Chirac n'est plus à l'Elysée, mais son successeur se hâte d'appeler aux affaires d'autres anciens étudiants communistes: en France avec Bernard Kouchner, auquel il confie nos affaires étrangères; dans le monde avec Dominique Strauss-Kahn, qu'il voudrait installer à la tête du Fonds monétaire international. Tout cela pour corriger son image. Auprès de qui? De la presse de gauche. D'un audiovisuel d'Etat dont François Mitterrand fit le monopole du PS et de l'extrême gauche. Il ne pense jamais à son électorat car il en ambitionne un autre.
Au vu des promesses du candidat qu'il fut et de son engagement de Dijon ("Je ne me livrerai à aucune ouverture politicienne à travers des débauchages "), "l'ouverture" dont le président Sarkozy est si fier à présent constitue un abus de confiance. Croit-il vraiment gagner par là le cœur et le vote des électeurs de gauche? Il travaille en à retourner les appareils. Casant les "éléphants", il isole François Hollande. Cela réjouit les jeunes "lions" du bestiaire socialiste, réunis par Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse, et donne à Manuel Valls, maire d'Evry, l'occasion d'envisager « un bout de chemin avec la majorité ». Pour y retrouver les "éléphants" casés par l'Elysée? «Nous sommes au bout d'un cycle », reconnaît Valls dans Le Figaro du 22 août. « Une grande partie des idées de gauche se sont épuisées. » Vantant « l'autorité républicaine », il dénonce François Hollande qui préfère "attendre le résultat des municipales" de l'an prochain.
En fait, Valls tend la main au président pour cogérer dès à présent « la justice, la lutte contre la criminalité et le dossier de l'immigration» dans l'esprit d'un « vivre ensemble» proche du communautarisme cher au président Sarkozy. C'est une main dont on peut craindre qu'elle ne soit attendue et saisie. Ce ne serait pas de nature à rallier au chef de l'Etat ses électeurs d'hier. Si la parole lui est rendue, les déçus seront nombreux à revenir à la droite nationale. Une moitié des électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle l'a soutenu dans l'espoir de se débarrasser des personnages mêmes qu'il s'efforce, depuis, de rappeler aux affaires. Le nouveau président devra être réellement performant dans le domaine sécuritaire pour espérer retrouver leurs suffrages. Mais il semble en quête d'une majorité bien différente. En cent jours à l'Elysée, quelle dérive!
Bernard Cabanes: monde et vie. 1" septembre 2007 .

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