samedi 22 septembre 2007

Sarkozy à Alger: l'abaissement

IMAGE finale et caricaturale à la télévision de l'humiliante visite de Nicolas Sarkozy à Alger les 13 et 14 novembre: il enlace amoureusement Abdelaziz Bouteflika (enfin, Sarko a trouvé plus petit que lui !) après un entretien "amical" de quelques heures. A son tour, Boutef' se fend d'un communiqué sur la France et l'Algérie « condamnées à un avenir commun» et, après avoir avoué qu'il avait été « très malade », se vante d'en être sorti « d'une manière absolument fabuleuse ». Sans en remercier, notons-le, les médecins français du Val-de-Grâce qui sont quand même pour beaucoup dans le "miracle".
Faisons maintenant la synthèse de ce voyage dont Jean-Marie Le Pen s'est à juste titre indigné le 16 novembre sur France 2 en espérant qu'il dessillerait enfin des yeux des naïfs de l'UMP. A Alger, comme en a témoigné la presse locale, Sarkozy a été d'abord accueilli froidement, en raison des propos tenus en octobre 2005 sur les "racailles" de banlieue et la nécessité de les « nettoyer au Kärcher », le quotidien El Watan l' accusant même d'avoir « brouté sur les pâturages nauséabonds de l'extrême droite lepéniste ». Et, ce qui a été moins remarqué, lui reprochant son « soutien actif à l'Etat d'Israël » ...
Il a cependant été traité comme un chef d'Etat puisque, comme Mitterrand et Chirac avant lui, il fut autorisé à déposer une gerbe au monument des "martyrs" surplombant Alger - des "martyrs" qui avaient pu être en même temps des assassins et des bourreaux ... Mais Sarkozy salua leur mémoire avec émotion pour témoigner de sa « façon de respecter les Algériens ». Il y eut ensuite, après sa visite au cimetière français de l'ex-Saint Eugène (fort mal entretenu si l'on en juge par des images furtives sur le petit écran), cette scandaleuse déclaration sur le système colonial "injuste" suivi d'une référence énigmatique à « ces hommes et femmes qui, à côté, quelles que soient leurs origines, ont été victimes de cette injustice ». Colonisateurs et colonisés ainsi mis dans le même sac mais, pour les premiers, à condition de s'humilier et de cracher sur leurs ancêtres même si le président de l'UMP a reconnu que « les fils ne doivent pas payer pour leurs pères ».
A la veille du départ de Sarkozy, le Cercle algérianiste qui, par ses milliers d'adhérents, est la plus importante organisation des rapatriés, l'avait incité dans un communiqué à tenir au président algérien « un langage de vérité» sur le passé français de l'Algérie. Sur le terrain, on a vu les résultats. Loin de demander raison à son interlocuteur de ses propos insultants sur le "génocide" prétendument infligé par la France, Sarkozy a cautionné la vulgate FLN sous prétexte d'éviter « les paroles qui blessent ». Peu nous chaut qu'il n'ait pas été jusqu'à la "repentance", ou qu'il n'ait pas fait état du «traité d'amitié» dont le ministre algérien de l'Intérieur Zerhouni, en recevant son homologue hexagonal, a d'ailleurs précisé que, pour l'instant, il n'intéressait pas son gouvernement. Place à "l' amitie" et à sa « réalité quotidienne» ! Ce qui ne mange pas de pain. Car Sarkozy a accordé aux Algériens l'essentiel soit, comme nous l'annoncions dans notre n° du 10 novembre, l'accélération de la procédure d'obtention des visas. Encore que là-dessus, si l'on en croit Le Canard enchaîné, il y ait eu un os. Les services français (DGSE, DST, RG) s'étaient en effet inquiétés de la possibilité pour des milliers d'islamistes algériens repentis (officiellement) de venir librement en France où ils auraient eu les coudées franches pour reconstituer des réseaux. Averti et pas mécontent de faire un crocen-jambe à son numéro deux, même si, selon Le Nouvel Observateur, le voyage avait été préparé à l'Elysée, Dominique de Villepin lui aurait intimé par téléphone l'ordre de tenir bon sur ce sujet, l'accusant en privé« d'attitude irresponsable, prêt à lâcher sur les visas pour faire un coup politique ». Sarkozy-la-girouette (dixit Le Pen) s'est cependant incliné, les autorités algériennes lui ayant assuré (?) qu'elles nous fourniraient la liste des "indésirables" en France. A noter qu'à Alger, le candidat à la présidentielle a fait à la presse une déclaration de politique intérieure sur la candidature Ségolène Royal qui pour lui serait « tout bénéfice ». Propos indécents dans un pays étranger et de plus hostile. Il est vrai qu'à plusieurs reprises, Chirac avait fait de même. Mais ce n'est pas une excuse.
Le 15 novembre, la presse algérienne enterrait la visite de Sarkozy en minimisant ses résultats avec des commentaires du genre « beaucoup de bruit pour rien ». Sans doute une ruse car le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur a, volontairement ou non fait un pas de plus politiquement et moralement dans l'obéissance aux oukases d'Alger. Le comble, c' est que après certaines informations, Il disposerait dans les milieux dits rapatriés et harkis de petits télégraphistes qui s' activeraient pour lui apporter, lors de la présidentielle, les suffrages des patriotes « au cœur tricolore» comme disait feu le colonel Battesti. Si cela se confirme, nous en reparlerons.
Jean-Paul ANGELLELI. RIVAROL 2006








Aucun commentaire: