samedi 11 octobre 2008

Communication sarkozyste : l’oxymore, une rhétorique d’ahurissement Le président, la carpe et le lapin

A la tribune des Nations unies, le président Sarkozy a appelé le 23 septembre dernier, face à la crise financière, pour ne pas dire la crise économique mondiale, à « reconstruire un capitalisme régulé ». La formule n’est, à vrai dire, pas très originale et empruntée à la gauche. Elle correspond en tout cas à un remarquable oxymore, artifice rhétorique consistant à accoler deux termes de signification contraire pour en renforcer le sens.

Explications :

Le président réclame donc un « capitalisme régulé ».

Mais il semble ignorer, justement, que le propre du capitalisme est d’être un système économique qui repose sur sa seule autorégulation, celle de la main invisible du marché censée produire les meilleurs effets et garantir la prospérité de tous. En tout cas supérieur à ceux de la régulation politique ou administrative de l’économie. La régulation du capitalisme par autre chose que lui-même est donc une contradiction, sinon une imposture. Soit c’est une pseudo-régulation, genre réunion du G8, que le président préconise d’ailleurs, soit on sort de l’économie capitaliste pour entrer dans l’économie administrée ou la social-démocratie.

Ce discours contredit, au demeurant, totalement la pratique des pays occidentaux et européens depuis 20 ans consistant à « déréguler » (on dit « libéraliser ») en permanence des pans entiers de l’économie et de l’organisation sociale des Etats, perçus comme autant d’obstacles à l’efficience de la libre concurrence et des marchés. Le président a-t-il l’intention d’arrêter ce mouvement ? En a-t-il seulement les moyens ? La crise lui aurait donc ouvert les yeux sur la vraie nature du capitalisme ? Poser la question c’est y répondre. La vérité est que Nicolas Sarkozy est surtout un excellent communicant et qu’il connaît depuis longtemps la vertu soporifique de l’oxymore en politique.

Il nous a, en effet, habitués à bien d’autres oxymores politiques, qui semblent constituer l’horizon indépassable de sa réflexion politique. On rappellera les principaux.

D’abord il y a eu « l’islam à la française », préconisé déjà par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Cet « islam à la française » est un oxymore, car comme toutes les religions universelles il ne peut être nationalisé. Il n’est pas en phase, en outre, avec les racines chrétiennes de l’Europe. Mais cet oxymore sert à nous faire croire que l’islam serait soluble dans l’identité française et à cacher que c’est bien l’inverse qui semble se produire.

Ensuite il y a eu « l’immigration choisie ». Car s’il y a bien un phénomène qui n’a pas été soumis au choix et à la décision des peuples européens c’est bien l’immigration, qui leur a été imposée par la superclasse dirigeante (l’hyperclasse mondiale) et accessoirement par le patronat. « Choisir » l’immigration suppose en outre des capacités de régulation des flux migratoires dont sont justement démunis les gouvernements européens, empêtrés dans l’idéologie mondialiste et droit-de-l’hommesque. Cet oxymore sert à masquer que la vraie solution n’est pas l’immigration choisie mais l’inversion des flux migratoires : c’est-à-dire la migration inverse des immigrants.

Il y a eu aussi la « discrimination positive », comme remède aux difficultés évidentes de « l’intégration ». Cet oxymore a été importé, il est vrai, des Etats-Unis puisque le président s’est borné à reprendre un discours sur « l’affirmative action » vieux de 30 ans. La discrimination n’est en effet positive pour personne : ni pour les minorités, dont la progression sociale est artificiellement liée non à leurs talents mais à leur ethnie ; ni, bien sûr, pour le reste de la population, qui se trouve systématiquement brimée. L’oxymore sert en réalité à masquer la volonté de mettre en place un système de préférences ethniques à l’encontre des Français de souche, dans l’espoir naïf de se constituer une clientèle électorale alors que la majorité des électeurs issus de l’immigration votent à gauche.

Il y a maintenant la « laïcité positive », ressortie lors de la venue du pape Benoît XVI en France, après avoir été vendue aux représentants du culte musulman, tout en étant vivement appréciée du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). La laïcité reposait en effet sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et donc l’abstention de ce dernier dans les affaires religieuses, mais l’oxymore politique prétend désormais qu’il conviendrait, au contraire, d’aider tous les cultes : c’est en cela que la laïcité serait « positive », comme lorsque les communes donnent systématiquement des facilités aux musulmans pour construire des mosquées. Mais si elle était « positive » hélas, elle ne serait plus laïque. Bien entendu, on a compris que cet oxymore vise un seul objectif : encourager l’islam dans le vain espoir de fonder ce fameux « islam à la française ». L’oxymore appelle donc l’oxymore comme le vide appelle le néant.

Gageons que notre président et ses conseillers en communication vont nous présenter encore bien d’autres oxymores en guise de politique. Tous assenés avec force gesticulations médiatiques, comme il sait si bien le faire. Hélas, la politique ne se réduit pas à la rhétorique, elle reste du domaine des faits et des rapports de force !

Dans le monde concret, les oxymores sont des sortes de PACS idéologiques : comme le mariage de la carpe et du lapin, ils ne débouchent que sur des unions fragiles et infécondes.

Michel Geoffroy http://www.polemia.com/

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